« J’ai lu énormément de livres sur la Seconde Guerre mondiale »
Vu entre autres dans Zero Dark Thirty, HHhH ou Simetierre, le comédien australien Jason Clarke incarne, dans Coeurs ennemis, un officier anglais tiraillé entre son sens du devoir et l’amour qu’il porte à sa femme, dans une Allemagne en pleine reconstruction au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Rencontre.
Connaissiez- vous le travail de Rhidian Brook, l’auteur du livre qui a inspiré le film ?
• Jason Clarke. Non, mais j’ai lu Dans la maison de l’autre [disponible en France en 10/18] et j’ai trouvé que le script en était une très bonne adaptation. Il est toujours intéressant pour un acteur de lire le roman dont est tiré le scénario qu’il va interpréter, parce qu’il va constamment essayer de faire le lien entre ce qui a été gardé ou non de l’oeuvre originale. Le livre est un bon support, car il donne davantage de profondeur à certaines scènes ou dialogues.
Justement, avez-vous travaillé avec l’auteur du roman sur le tournage ?
• J.C. Non, il était présent mais il nous a laissé une grande liberté. Le scénario est plutôt fidèle au matériau d’origine, qui s’inspire de l’histoire vraie du grand-père de Rhidian Brook, bien qu’il s’agisse d’une version romancée et non biographique. Au final, sa famille était très heureuse de la manière dont nous nous sommes réapproprié cette partie de leur histoire. Coeurs ennemis revient sur la cohabitation entre les alliés et les Allemands au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Connaissiez-vous ce pan de l’Histoire ?
• J.C. Lors de ma préparation pour HHhH [adaptation du roman de Laurent Binet, dans laquelle Jason Clarke incarne Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo], j’ai lu énormément de livres sur la Seconde Guerre mondiale, mais je ne me suis jamais vraiment arrêté sur les conséquences immédiates du conflit et, en particulier, sur ce que les Allemands ont pu subir. Je me suis notamment plongé dans La Chute de Berlin d’Anthony Beevor, essai majeur qui revient sur l’arrivée de l’Armée rouge à Berlin et sur l’horreur qui en découla. Cela m’a permis de mieux comprendre mon personnage, Lewis Morgan, qui entre en scène dans un contexte difficile où il est chargé de reconstruire la ville de Hambourg totalement détruite par les bombardements. On se rend compte que, même si l’armistice avait été signé, la dépravation et les destructions persistaient, tout cela dans un
climat très compliqué de cohabitation entre les vainqueurs et les vaincus alors que planaient encore les fantômes du nazisme, le ressentiment et la haine. Quel genre de lecteur êtes-vous ?
• J. C. J’adore lire, surtout quand je fais des recherches pour mes rôles, comme ce fut le cas sur ce film. Je suis passionné par l’Histoire, je lis donc surtout des livres historiques et très peu de fictions. Lorsqu’ils m’ont particulièrement plu, je les écoute en version audio pour entendre d’autres tonalités. Actuellement, je lis un ouvrage sur l’empereur romain Claude et un autre sur le conflit entre la Russie et l’Angleterre pour le contrôle de l’Afghanistan au xixe siècle. Et ce qui s’y est joué est absolument passionnant !