Belle famille
Après nous avoir fait mener une vie de chien dans un étonnant recueil de nouvelles, Jules Gassot publie un roman plus classique mais tout aussi abouti sur les méandres de la vie familiale.
Il y a les écrivains de l’imaginaire, ceux qui vous transportent loin et déforment le réel pour mieux sonder l’âme humaine. Et puis il y a les romanciers qui, au contraire, trouvent dans le quotidien et la simple relation entre les êtres une source intarissable de fiction et de questionnements. Jules Gassot est de ceuxlà. Depuis son entrée en littérature, il dissèque cruellement couples et familles pour tisser sa toile romanesque.
Pas étonnant alors de voir son nouveau roman débuter par une rupture.
Paul vient de se faire quitter par sa femme et décide de trouver refuge chez sa mère. Alors qu’ils s’apprêtent à passer paisiblement les fêtes de Noël, la soeur de Paul, Raphaëlle, leur propose de célébrer la nouvelle année avec son mari et ses trois enfants. Une invitation surprenante quand on sait qu’elle ne parle plus à sa mère depuis des années. Avec autant d’appréhension que les personnages eux-mêmes, nous voilà embarqués pour un séjour électrique dans cette « famille idéale ».
Servi par une écriture ciselée et une langue magnifique, La nuit ne dure pas touche en plein coeur. Avec cette posture savoureuse de romancier désabusé, Jules Gassot donne à lire une histoire tendre et grinçante sur les relations familiales. Entre faux-semblants, cicatrices du passé et peur de passer à côté de sa vie, rien ne nous est épargné. Pourtant, on quitte ce livre plein d’espoir, avec humour et philosophie. De quoi seraient faites nos existences sans cette éternelle difficulté d’aimer ?