Et pendant ce temps-là
La parole de l’autre et l’histoire qu’elle véhicule, voilà ce que Violaine Schwartz présente dans un texte à la forme très libre.
« On ne fait pas la guerre /C’est pour ça qu’ils nous tuent. » Donner à entendre la voix des réfugiés est un parcours semé d’embûches. Comment se faire le relais d’une parole étrangère sans risquer de la déformer, sans y projeter ses propres fantasmes d’Européen n’ayant connu ni la guerre ni l’insécurité ? Romancière, chanteuse et comédienne, Violaine Schwartz propose dans ce texte hybride, sobrement intitulé Papiers, d’aborder la question de l’exil à travers une série
de témoignages recueillis à vif auprès de plusieurs demandeurs d’asile originaires d’Arménie, de Mauritanie, d’Afghanistan. D’un côté, des récits d’exilés qui racontent leur parcours, les raisons de leur départ et les obstacles rencontrés sur leur route jusqu’à la France et dans l’obtention de papiers. De l’autre, des fragments d’histoires sur ceux qui les ont accueillis et aidés, là par un cours de français, là en leur offrant une chambre d’ami ou juste un peu de temps. Intercalé entre ces deux versants, un matériau tantôt poétique tantôt administratif et factuel : documents relatifs au coût des expulsions, listes des questions posées à un demandeur d’asile lors de son entretien avec l’OFPRA… Orchestrant ces multiples voix en un poignant kaléidoscope de destins brisés, Violaine Schwartz raconte le non-sens administratif, l’absurdité de la guerre et, surtout, le courage de ces hommes et de ces femmes héroïques qui, après avoir tout quitté, ne demandent que le droit de pouvoir vivre dignement.