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DANS LA BIBLIOTHÈQ­UE DE…

- Benoît Jacquot

DE BENJAMIN CONSTANT (ADOLPHE) À CASANOVA (DERNIER AMOUR) EN PASSANT PAR CHANTAL THOMAS (LES ADIEUX À LA REINE) OU PASCAL QUIGNARD (VILLA AMALIA), LE CINÉASTE MULTIPLIE LES ADAPTATION­S. PRÉSIDENT DU JURY DU DERNIER FESTIVAL DU FILM POLICIER DE BEAUNE, IL ÉVOQUE DES OUVRAGES ESSENTIELS POUR LUI, DONT QUELQUES ROMANS NOIRS.

« Mon premier polar ? C’était

Le Chien des Baskervill­e de Sir Arthur Conan Doyle. Je devais avoir 8 ans. J’avais tellement apprécié que j’ai avalé, dans la foulée, toutes les enquêtes de Sherlock Holmes, ainsi que les aventures du brigadier Gérard. Surtout, mon plaisir enfantin de lecture a immédiatem­ent été lié, très concrèteme­nt, au cinéma qui commençait à m’intéresser. Je garde aussi un excellent souvenir d’un roman aujourd’hui complèteme­nt oublié, Un lycéen a disparu, signé d’un écrivain lui aussi tombé dans l’oubli, Charles Robert-Dumas. »

« C’est aux alentours de 13 ans que je suis tombé sur Eva de James Hadley Chase. L’un des tout premiers volumes de la Série noire. Je me suis aussitôt dit qu’un jour ou l’autre il faudrait que j’en fasse un film. Cela a pris plus de cinquante ans, mais j’y suis parvenu. Une autre grande passion de mon adolescenc­e me donnait des envies de cinéma : L’Immoralist­e d’André Gide. J’ai finalement tourné une version des Faux-monnayeurs pour la télévision… »

« Comme j’ai toujours fui la scolarité, la lecture a constammen­t été synonyme d’affronteme­nt avec ce cadre. J’avais le sentiment que ce qui était recommandé s’avérait finalement le moins propice à l’entraîneme­nt littéraire. À cet égard, je n’ai pas changé d’avis [rires]… En même temps, cette attitude m’a joué de mauvais tours puisque, presque par principe, j’ai détesté les Fables de La Fontaine. Et ce, encore très récemment. Je suis reconnaiss­ant à Fabrice Luchini de me les avoir fait apprécier. »

« Lorsque j’ai lu J’ai épousé une ombre de William Irish, paru dans les années 1940, j’avais des envies d’adaptation, mais je ne savais pas qu’un très beau film hollywoodi­en en avait déjà été tiré [ Chaînes du destin de Mitchell Leisen]. Quand je l’ai soumis à un producteur, celui-ci venait d’en acquérir les droits et avait confié le film à quelqu’un d’autre [Robin Davis]. Je crois qu’il regrette de ne pas me l’avoir proposé car je l’aurais tourné avec Isabelle Huppert [rires]… »

« En ce moment, et pour la troisième fois, je relis tout Marcel Proust. Un producteur m’a en effet demandé de réfléchir à une manière de m’emparer de La Recherche et d’en faire quelque chose de différent. Je trouve le projet extraordin­airement tentant, même si c’est naturellem­ent un piège. Mais Raoul Ruiz s’en est merveilleu­sement sorti avec Le Temps retrouvé. Au début, je me suis dit qu’il fallait se focaliser sur un personnage et j’ai imaginé un film qui s’intitulera­it “Saint-Loup”. Mais je me demande s’il ne serait pas plus intéressan­t de prendre trois ou quatre pages et d’en tirer tout ce que l’on peut sur une heure et demie ! »

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