Quentin Mouron, le « Houellebecq suisse » ?
La plume acerbe et sans détour de ce jeune écrivain rappelle celle de l’auteur des Particules.
Début mai, le Salon du livre de Genève a tenu sa 33e édition. Dans les allées, on pouvait entendre des choses aussi folles que « ce jeune homme là-bas, c’est le Houellebecq suisse ! » Derrière ce titre, Quentin Mouron, écrivain canado-suisse de langue française, né à Lausanne en 1989. Ce qui lui vaut la comparaison avec l’auteur des Particules élémentaires est son dernier roman : Vesoul, le 7 janvier 2015, paru en janvier chez Olivier Morattel, éditeur français installé
dans le Jura, et qui publie en grande majorité des écrivains helvètes. Le livre relate, sur le ton de la farce, la rencontre à Vesoul de deux aventuriers roublards, pensés comme des héros picaresques des temps modernes : un jeune Helvète harcelé par l’Administration et un cadre financier qui se rend à un congrès. Leur immersion dans la commune de Franche- Comté, le 6 janvier 2015, est ainsi résumée par l’éditeur : « des manifestations, un salon du livre, une fête des sexualités inclusives, des antispécistes, des masculinistes, des nains, des banquiers, des poètes, des fascistes, le Hezbollah, deux prêtres en goguette ». À cela s’ajoute un « Festival international du foutre ». Et la confrontation avec une population déclassée qui vit en périphérie de la ville. Le lendemain, l’attentat de Charlie Hebdo provoque l’annulation du congrès.
Élite internationale mobile, exacerbation des inégalités, luttes politiques et identitaires, crise de la culture et de la religion, montée des populismes, terrorisme… La presse suisse a vu Michel Houellebecq dans ce regard critique sur la société contemporaine, et dans ce roman visionnaire sur les Gilets jaunes, commencé il y a quatre ans. Qu’en dit l’éditeur ? « Quentin est moins noir que Houellebecq, il n’écrit pas des romans à thèse. On sort ébranlé de son dernier livre mais il ne faut pas oublier que c’est une farce. Il se moque de lui-même et des autres pour moins se voir mourir », confie Olivier Morattel à la RTS, la chaîne de radio et de télévision suisse romande. Rendez-vous dans les librairies françaises pour en débattre.