« Mon lien avec Tanger et le Maroc est vraiment très fort »
Neuf mois après Khalil, Yasmina Khadra publie L’outrage fait à Sarah Ikker, un polar pimenté d’une folle histoire d’amour, qui nous immerge dans les classes sociales marocaines.
Votre nouveau livre est présenté comme le « premier opus d’une nouvelle trilogie » Quel est le projet global ?
• Yasmina Khadra. Je rêvais depuis longtemps de créer un personnage récurrent dans chacun des trois pays du Maghreb : Tunisie, Maroc et Algérie. Pour cette dernière, j’avais déjà le commissaire Llob. J’essaie maintenant d’aller vers les deux autres. Mais je n’ai pas forcément une trilogie en tête, plutôt une série pour chaque pays.
Pourquoi avoir choisi Tanger pour cadre ?
• Y.K. J’y avais rencontré des lectrices qui me demandaient d’écrire un livre sur cette ville. Je me suis fait le plaisir de proposer cette série. Mon lien avec Tanger et avec le Maroc est vraiment très fort. C’est celui d’un Maghrébin avec son Maghreb. Je n’ai jamais supporté, jamais admis qu’il existe des frontières entre les trois États. Maroc, Algérie et Tunisie sont, pour moi, une même nation : la nation afro- méditerranéenne. Je milite pour un Maghreb uni, et ces séries seront ma façon de le prouver.
On est plus proche du roman de moeurs dépolitisé et du whodunit. Pourquoi ?
• Y. K. Je suis toujours un peu l’otage de thématiques difficiles à traiter. Pour ce roman policier, j’avais envie de liberté, d’apporter du plaisir et de proposer quelques éclairages sur une certaine mentalité maghrébine. Je suppose que les femmes occidentales ne vont pas très bien comprendre ce qui se passe, au début, mais ne « spolions » pas ! Les lecteurs savent bien que, lorsqu’on ouvre un livre qui nous parle d’un pays, on laisse aux vestiaires nos préjugés et nos propres valeurs, pour mieux s’imprégner dans la société qui nous est présentée.