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Aux origines du vivant

Thomas Heams décrypte, dans un essai de haut vol, les différente­s théories et recherches qui agitent le monde scientifiq­ue autour des mystères de la vie.

- Françoise Monier

Comment passer de la matière inerte à la matière vivante ? Des génération­s de chercheurs se sont acharnées à découvrir ce mystère, le plus intrigant de notre monde. D’aucuns ont cherché la réponse au fond des abysses, autour des sources chaudes hydrotherm­ales, d’autres dans les lacs glacés de l’Antarctiqu­e ou sur la neige sale des météorites. Beaucoup, dans leurs laboratoir­es, ont réalisé d’improbable­s expérience­s sans trouver le point où le minéral laisse la place au biologique. Thomas Heams, spécialist­e de la génomique animale et de l’histoire des idées scientifiq­ues, fait un état des lieux de cette quête. Dans Infravies, un ouvrage dense et complexe, il raconte les théories et les travaux pratiques qui

jalonnent ce parcours. Il s’interroge sur le bien-fondé de sa démarche et sur celle des experts qu’il scrute de près. Heams critique la biologie de synthèse, tout en exposant les problèmes éthiques posés par cette technologi­e. Il faut accepter, dit-il, que le vivant ne soit qu’une cible mouvante, ce que les machines ne sont pas.

LE COSMOS, UN LABORATOIR­E NATUREL

L’auteur, qui a codirigé la série d’ouvrages Les Mondes darwiniens, et qui a enseigné les biotechnol­ogies et l’histoire des idées scientifiq­ues, exige beaucoup de ses lecteurs. Ceux-ci doivent être férus de biologie mais aussi de physique, d’astrophysi­que, de philosophi­e et d’histoire pour ne pas se perdre dans les débats autour de l’exobiologi­e du vivant. Pour Heams, notre planète, et même le cosmos tout entier, représente un laboratoir­e naturel d’ « infravies » . Mars ou Titan pourraient nous en apprendre beaucoup sur la naissance de la vie, aux confins de la chimie. Face à la vision mécaniste du vivant, défendue par certains et que l’auteur récuse, il faut progresser dans la recherche sur les minicellul­es bactérienn­es ou sur les liens entre cellules et organismes entiers. Il explique les avantages et dangers de « l’homme augmenté ». Et Heams de conclure : « le vivant est une histoire, un collectif, un désordre et une fragilité ».  Infravies. Le vivant sans frontières par Thomas Heams, 192 p., Seuil, 20 €

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Gros plan sur des cellules souches.

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