Afrique et Chine : l’avenir de la langue française
Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, est devenue la première ville francophone du monde, bien loin devant Paris. Et son nombre de locuteurs ne cesse de progresser dans les autres pays de l’Afrique francophone.
On entend souvent que l’Afrique est l’avenir de la langue française, sans vraiment saisir le fondement d’une telle déclaration. La confrontation des chiffres peut nous permettre d’y voir plus clair. Dans son rapport sur les villes du monde en 2016, l’ONU annonçait que Kinshasa, avec ses 12,1 millions d’habitants, était devenue une mégapole. La capitale de la République démocratique du Congo détrône ainsi Paris et ses quelque 10 millions de résidents (banlieue comprise). Selon un autre rapport, publié en 2010 par l’Organisation internationale de la francophonie, 92 % de la population kinoise converse dans la langue de Molière. Et il suffit de traverser le fleuve pour trouver 1,8 million de francophones supplémentaires à Brazzaville.
LE FRANÇAIS COMME ÉPREUVE AU BACCALAURÉAT CHINOIS
Le français est la cinquième langue la plus parlée dans le monde, derrière le mandarin, l’anglais, l’espagnol et l’arabe. Et son nombre de locuteurs a progressé de 10 % depuis 2014. Cette augmentation s’explique, avant tout, par la forte croissance démographique en Afrique francophone (Afrique du Nord
et Afrique subsaharienne), notamment dans les grandes villes. Abidjan et ses 5 millions de citadins comptent ainsi plus de francophones que Montréal et ses 4 millions d’habitants. À cette émergence démographique s’ajoute le dynamisme économique de ces 22 pays africains, qui ont connu, entre 2012 et 2015, une croissance annuelle de 5,1 %, en moyenne. Pourtant, aux dires des analystes, la France se désintéresse de cette Afrique subsaharienne, si bien qu’elle est supplantée commercialement par la Chine. L’investissement économique de l’empire du Milieu, qui a donné naissance à l’expression « Chinafrique » , explique la raison pour laquelle les Chinois sont de plus en plus nombreux à apprendre notre langue. Ils sont ainsi 120 000 étudiants à fréquenter les départements français dans quelque 150 universités du pays. Le nombre d’établissements scolaires, proposant des sections bilingues dès le cours préparatoire, ne cesse de croître. Le français est même devenu l’une des épreuves du Gaokao, l’équivalent de notre baccalauréat. Une évolution remarquée par l’Alliance française, qui multiplie l’ouverture de ses bureaux en Asie. Voilà pourquoi on peut déclarer aujourd’hui que la Chine et l’Afrique sont l’avenir de la langue française !