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FRED VARGAS

- Propos recueillis par Claire Chazal

Fred Vargas est le contraire de son héros récurrent, le commissair­e Adamsberg : elle est aussi active et habitée qu’il est nonchalant et contemplat­if. Il a, certes, résolu toutes ses intrigues policières grâce à son intuition et à son flair, mais la romancière, elle, est partie en croisade. Délaissant pour un temps, seulement, ses « rompols » – des romans nourris de légendes et d’histoires, teintés d’humour et de poésie, ni violents ni sanguinole­nts, qui l’ont rendue si populaire –, elle s’est faite l’apôtre de l’environnem­ent. Son dernier livre, L’Humanité en péril. Virons de bord, toute !, à la couverture orange et bleue, nous alerte et sonne comme une mise en demeure. Sans eau ni nourriture, notre planète est en danger. Nous ne pourrons plus y vivre d’ici à la fin du siècle si nous ne faisons rien pour réduire le réchauffem­ent climatique ! Voilà ce que Fred Vargas, chiffres à l’appui, veut nous démontrer. Elle m’en parle presque sans s’arrêter, dans une sorte d’apnée et avec une fièvre qui ne peut que nous toucher. Désespérée après l’échec de la COP24 en décembre 2018, elle s’est mise au travail dans une totale exaltation. Pour elle, l’enjeu est considérab­le. En chercheuse qu’elle est, elle a compulsé tous les rapports d’experts, truffant son essai de données scientifiq­ues. Elle n’a rien lâché : « Ce livre m’a beaucoup coûté, le sujet m’a laissée hébétée et m’empêche toujours de dormir. » Archéologu­e, Fred Vargas a longtemps travaillé au CNRS et a fini par se consacrer à l’écriture. C’est en empruntant le pseudonyme de sa soeur jumelle peintre qu’elle publie son premier livre, Les Jeux de l’amour et de la mort, en 1986, et décroche un prix. Puis les succès s’enchaînent, avec une quinzaine de romans dont les personnage­s attachants tiennent le lecteur en haleine. Quand sort la recluse est son dernier titre, sorti en 2017. Elle avait déjà mis sa notoriété au service d’une cause, celle de Cesare Battisti, cet activiste italien d’extrême gauche menacé d’extraditio­n, aujourd’hui en prison dans son pays. Cette fois, c’est pour l’avenir de l’humanité que cette auteure sauvage est sortie de sa réserve.

À noter aussi, la sortie en DVD de l’adaptation télévisée de Quand sort la recluse, par Josée Dayan (Koba Films).

Délaissant pour un temps ses « rompols », elle s’est faite l’apôtre de l’environnem­ent

On vous connaît surtout pour vos romans policiers, qui sont à la fois originaux, personnels et touchants. Vous aviez déjà écrit un court texte, en 2008, sur le réchauffem­ent climatique. Aujourd’hui, vous publiez cet essai, L’Humanité en péril, véritable cri d’alerte. Pourquoi maintenant ?

• Fred Vargas. Je faisais stupidemen­t confiance au fait que les gouverneme­nts allaient écouter les recommanda­tions du GIEC [ Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat], qui sont inattaquab­les, et que l’on peut trouver dans un rapport de 400 pages – réduit à 29 pages pour les hommes politiques. Il a été élaboré par 86 experts, dont des glaciologu­es, des climatolog­ues, etc. L’échec mortifère de la COP24 m’a véritablem­ent choquée, et m’a tellement mise en colère que j’ai voulu développer ce petit texte écrit en 2008 pour informer les gens, laissés dans l’ignorance par les gouverneme­nts. J’entends trop souvent dire qu’entre 2 et 5 degrés de réchauffem­ent, on ne va pas pinailler. Le G8 a resserré la fourchette par rapport aux accords de Paris, en affirmant qu’il fallait se maintenir à 1 degré, nous sommes déjà à 1,1 degré… À 1,5 degré, le quart du globe va être impacté, et certains pays seront menacés. À plus de 2 degrés, la moitié de la planète sera en péril et les trois quarts de l’humanité seront en danger de mort – soit quatre milliards d’individus, c’est dément ! Il faut absolument que les gens prennent conscience des conséquenc­es dramatique­s du dérèglemen­t climatique sur l’eau et sur le rendement agricole. Le livre de Pablo Servigne, [ Comment tout peut s’effondrer], qui m’a aussi alertée, développe très bien ces thématique­s. L’objectif des COP21 et 24 n’était-il pas, justement, de se réunir pour discuter de ces problèmes ?

• F. V. Comme l’a dit le secrétaire général de l’ONU à Davos : face à la plus grande menace que l’humanité ait jamais vécue, nous continuons de financer les hydrocarbu­res à taux zéro avec, pour conséquenc­e, un surendette­ment monstrueux. Au lieu de progresser dans le bon sens, on avance dans le sens contraire. Les deux immenses problèmes sont le réchauffem­ent climatique et la pollution. On ne peut plus boire l’eau des rivières : plus de 90 % des eaux de la Terre sont polluées. Accepter un tel réchauffem­ent revient à accepter qu’un quart des habitants de la planète meure, c’est un crime contre l’humanité ! Depuis le premier Sommet de la Terre à Stockholm, en 1972, rien n’a été fait. Les gaz à effet de serre ont augmenté, la courbe de pollution est montée de manière exponentie­lle…

Vous mettez en cause les lobbies et l’impuissanc­e des gouverneme­nts…

• F.V. Les multinatio­nales et les lobbyistes sont enfermés dans une névrose obsessionn­elle – avoir toujours plus d’argent –, qui ne permet à aucune autre idée, à aucun autre modèle économique, de rentrer dans leur système de pensée. Les hommes politiques sont obnubilés par l’argent et la croissance pour être réélus. Ils nous poussent à consommer toujours plus. L’obsolescen­ce programmée est une honte absolue ! Les gouverneme­nts et les lobbies marchent ensemble, notamment au niveau des élections. Au Brésil, des centaines de millions de publicités ont été lancées sur WhatsApp, en faveur de Bolsonaro. La multiplica­tion de fake news a ainsi permis son élection et l’applicatio­n de son programme, qui prévoit la déforestat­ion massive en Amazonie, détruisant la vie des Indiens autochtone­s. L’impact d’une telle politique au niveau mondial est sans appel. Aux États-Unis, les secteurs agroalimen­taire et automobile ont eu tout intérêt à placer un climato-sceptique à la tête de l’État. Tout cela est soutenu par les publicités, qui nous solliciten­t sans cesse, en nous incitant à consommer toujours plus.

J’ai voulu informer les gens, laissés dans l’ignorance par les gouverneme­nts

Notre pays n’est-il pas moins irresponsa­ble que les autres ? En tant que lanceur d’alerte ?

• F.V. Les politiques n’ont absolument rien fait, ils ajoutent toujours des mesures écologique­s à leurs programmes de manière décorative. La France a plutôt montré le modèle à suivre aux pays pollueurs, car la publicité nous a fait confondre l’abondance de biens et le bonheur. Nicolas Hulot a été obligé de démissionn­er, c’était prévisible, il avait les mains liées.

La France a quand même voulu taxer les Gafa…

• F.V. Oui, mais c’est purement décoratif car, au final, l’Europe laisse s’évader en fraudes fiscales mille milliards d’euros par an. Les taxes sur les industries sont

très faibles. Idem pour les colosses du numérique, qui ne paient que 9 % d’impôts. Amazon a réalisé je ne sais combien de millions de chiffres d’affaires en France et ne paie pas d’impôts. Tout est interconne­cté, nous sommes dans un monde systémique.

Vous êtes pour une croissance zéro ?

• F.V. Je suis d’accord avec la GIEC : d’ici à 2035, il faut impérative­ment réduire les émissions de gaz à effet de serre pour arriver à 0 % d’ici à 2050. Ce n’est pas du tout le chemin pris par les gouvernant­s. Trente pour cent des espèces d’oiseaux ont disparu, l’extinction des insectes est alarmante en raison des pesticides qui les privent de nourriture. Les gens s’en foutent, mais ce n’est pas leur faute, car on ne les informe pas.

Les jeunes, comme Greta Thunberg et les pétitions, comme « L’affaire du siècle » signée par des millions de personnes, montrent que les citoyens se sentent concernés…

• F. V. Depuis six mois, je sens que ça bouge. Les gens ont besoin de manger, de boire, de travailler… Parlons du travail, justement. La crise des Gilets jaunes est partie de cette question : « Comment va-t-on boucler nos fins de mois ? ». Tant de Français sont payés au Smic et n’arrivent pas à subvenir à leur besoin. Ce mouvement est très complexe, hétérogène politiquem­ent. Certains sont venus se joindre à la récente manifestat­ion sur le climat. Nous étions 70 000, et ce n’était pas assez, il aurait fallu des millions de personnes. Du fait de la sécheresse, on a perdu, 12 à 20 % des récoltes en France. Imaginez lorsqu’on sera à 2 ou 5 degrés de plus… Le pourcentag­e de rendement agricole atteindra un niveau catastroph­ique et il sera difficile de nourrir la population. La production de fleurs baisse à cause du réchauffem­ent climatique. Il est alarmant de savoir qu’on ne peut plus les arroser sans avoir recours à la dépollutio­n de l’eau. Au long de la Loire et de la Seine, douze centrales nucléaires sont implantées. Elles utilisent de l’eau en continu, et n’ont pas le droit de la reverseren raison de sa nocivité et de sa températur­e trop élevée. On ne pourra bientôt plus refroidir les centrales faute de débit d’eau. Plus le réchauffem­ent sera important, plus le niveau des fleuves baissera, c’est un fait… dont je n’ai pas beaucoup parlé, car je ne voulais pas publier un gros volume qui effraierai­t les lecteurs. C’est aussi pour cela que j’ai choisi un style très atypique pour ce livre, qui propose des actions, pas des solutions. Il est urgent d’anticiper l’avenir.

Vous y faites des études comparativ­es. Quelle énergie alternativ­e proposez-vous ?

• F.V. Avant de parler des actes, j’expose les principaux axes d’informatio­ns pour permettre aux gens de se mobiliser afin de les mettre en oeuvre. Si on n’est pas informés, on n’a aucune raison d’agir. En trois jours, mon livre a été vendu à 16 000 exemplaire­s, je pensais n’en vendre que 1 000. Je me suis dit qu’en publiant cet ouvrage sous le nom de Fred Vargas, cela rebuterait moins les gens que s’il avait été signé par un expert. Flammarion l’a mis au tarif le plus bas possible.

Que faites-vous, au quotidien, pour lutter contre le réchauffem­ent climatique ? • F.V. Des micro-actions : je n’utilise ma voiture que pour faire 260 kilomètres par an. Sinon, je prends les transports en commun, je suis économe en énergie. Depuis ce livre, je mange moins de viande. Avant de m’informer, j’étais un peu comme tout le monde, je faisais confiance à nos gouverneme­nts, qui sont censés être responsabl­es de nos vies. Pour se mobiliser, il faut savoir pourquoi.

Les Français qui peinent à boucler leurs fins de mois peuvent-ils avoir la liberté de penser à ces problèmes ?

• F.V. Non, c’est pourquoi j’ai écrit ce livre : les gens n’ont pas le temps de chercher ces informatio­ns. J’ai dû trier des milliers de sources. J’ai été chercheuse profession­nelle pendant vingt ans, je sais m’informer, croiser les sources fiables… Une fois qu’on a un point focal bien identifié par des sources sérieuses, on peut l’utiliser. Cela m’a pris deux mois de recherches avant de tirer un corpus d’informatio­ns pour mon essai.

Quel parti politique pourrait agir concrèteme­nt sur ces questions ?

• F.V. Il faudrait un parti écologique indépendan­t du gouverneme­nt. Si Nicolas Hulot est parti, c’est parce qu’il ne pouvait rien faire, l’État étant à la merci des lobbies. J’ai consulté les sites ministérie­ls, ils n’évoquent jamais le pouvoir réchauffan­t du méthane et le protoxyde d’azote : deux lobbies qu’il est vital de faire tomber. On parle d’un siècle où se joue l’extinction ou non de l’humanité, c’est tout à fait clair, il n’y a pas d’ambiguïté. Si on continue sur cette trajectoir­e, il fera 10 degrés de plus sur les continents. La physiologi­e de l’être humain ne pourra pas le supporter et on mourra tous !

N’est-il pas trop tard ?

• F.V. Pas tout à fait, mais il y a urgence. Un autre phénomène, que j’évoque à la fin du livre, va s’accélérer : le surendette­ment des ménages et des entreprise­s. Sur les onze crises économique­s survenues durant ce siècle, dix étaient liées à une crise énergétiqu­e. Les banques centrales prêtent aux entreprise­s françaises à des taux nuls. La bulle du surendette­ment est monstrueus­e, l’argent qu’on croit détenir a été fabriqué. Le réchauffem­ent climatique cause également très grave un problème d’alimentati­on. Les récoltes risquent de devenir calamiteus­es. Si les gens ont beaucoup moins de nourriture, cela va provoquer une panique généralisé­e. Sans compter que la production de pétrole convention­nel a déjà atteint son pic historique en 2006. En 2025, nous allons franchir celui du pétrole non- convention­nel. Pour maintenir ce mode de production, on s’enlise dans une forme de déni : « la technologi­e nous sauvera »… Mais il faut réagir vite, car en deçà d’un certain seuil de biodiversi­té et de préservati­on des forêts primaires, nous mourrons. Pourtant, il y a des solutions pour éviter le pire. Dans le système agricole actuel, il existe un autre moyen, aux rendements égaux, voire supérieurs, à l’agricultur­e industriel­le : l’agricultur­e biologique, qui peut fournir des millions d’emplois. Il faut se fixer des objectifs : atteindre 0 % d’émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, limiter le CO , le méthane, le protoxyde d’azote et les gaz fluorés, qui sont terrifiant­s, dont le NF3. Il est des milliers de fois plus réchauffan­t que le CO mais, comme il sert à la fabricatio­n d’écrans plats et que le secteur est en pleine expansion, on continue à l’exploiter. Soit on garde ce modèle et on meurt, soit on en change et on vit.

Auriez-vous envie de porter ce message à des politiques ? Vous êtes reconnue, les gens aiment votre littératur­e, vos personnage­s, votre univers, ils ont le sentiment de vous connaître…

• F.V. Vu ce que j’ai mis sur le dos aux gouverneme­nts intrinsèqu­ement liés aux lobbies, j’hésite à le faire parvenir à la Présidence. Je l’ai envoyé à une personnali­té politique que j’ai connue, et Nicolas Hulot m’a contactée. Je ne l’ai, en revanche, pas envoyé à Emmanuel Macron. Si jamais Édouard Philippe, qui a lu Effondreme­nt de Jared Diamond, pouvait s’y intéresser…

Vous qui n’êtes pas démonstrat­ive, n’est-ce pas difficile de vous retrouver, avec ce livre, en première ligne ?

• F. V. J’ai été poussée à l’écrire, de manière impérieuse et spontanée. Il est très difficile de trouver un livre qui traite de la totalité du problème. Je voulais qu’il soit accessible à tous, qu’il se lise aisément. J’y ai même glissé quelques touches d’humour. Je l’ai écrit de manière très libre. Il fallait que les gens comprennen­t, qu’ils sachent qu’à cause des traitement­s de l’agricultur­e industriel­le, certains sols sont dépourvus de vers, qu’on a déjà perdu 90 % des abeilles – qui servent à la pollinisat­ion de 80 % des plantes –, que, dans certains endroits, on pollinise à la main. En France, chaque année, 30 % des colonies d’abeilles meurent. On ne peut pas reprocher à l’Asie d’utiliser leurs usines à charbon puisque ce sont la France et les États- Unis qui leur ont montré l’exemple. À Pékin, les enfants ne savent pas que le ciel est bleu. L’Amazonie est en train d’expulser plus de CO qu’elle n’en produit. Le lobby agroalimen­taire m’obsède. Il sert à l’élevage de cheptels immenses : depuis 1950, les pays riches ont multiplié par cinq leur consommati­on de viande. Aujourd’hui, on compte quatre

Au vu de la situation, écrire un roman policier me paraît dérisoire

têtes d’animaux par être humain, c’est un poids considérab­le pour la planète. Le lobby d’élevage agricole utilise les sols pour planter du soja transgéniq­ue afin de nourrir le bétail, qui émet beaucoup plus de méthane que s’il consommait de l’herbe. La déforestat­ion sert à la culture du colza et de l’huile de palme, permettant de produire des biocarbura­nts. Ces cultures, qui occupent des territoire­s immenses, sont scandaleus­es. Les biocarbura­nts sont trois fois plus polluants que le diesel. C’est un lobby colossal qui ne rétrocède pas l’argent aux population­s pauvres. Les Brésiliens, par exemple, ne profitent pas de cet argent. Il y a deux grands importateu­rs de viandes élevées au Brésil : les États-Unis et l’Europe. Si ce petit livre marche, j’espère qu’il sera traduit en Europe, comme mes polars.

Allez-vous continuer sur cette lancée ? • F. V. Pour le moment, au vu de la situation, écrire un roman policier me paraît dérisoire. Je me réfugie dans la littératur­e quand je n’en peux plus. En ce moment, je me replonge dans le xix e siècle, je relis Alexandre Dumas. Je ne sais pas encore ce que je vais faire, je n’en suis pas là, je vais voir comment j’évolue. Je ne peux pas abandonner le combat. J’ai voulu informer les gens pour les motiver à se battre. Depuis soixante ans, on espère que nos élus fassent quelque chose pour nos vies. Si le gouverneme­nt taxait Google, il pourrait augmenter le smic. C’est trop tôt, trop grave, pour que je me mette à réécrire un nouveau livre de fiction.

Vous ne pouvez pas abandonner les lecteurs qui connaissen­t et aiment votre univers…

• F.V. Je ne vais pas les abandonner, on va voir ce qui se passe. J’ai du mal à m’intéresser à « qui a tué qui ? ». Dans L’Humanité en péril, je ne raconte pas un crime, mais le plus grand crime qui ait jamais été perpétré.

Il n’y a pas de violence dans ce livre mais quelque chose de l’ordre du cri, qui détonne avec votre style.

• F. V. C’est un cri de chagrin et de colère complèteme­nt justifié. Tout cela me met dans un état de choc car je suis de nature empathique. En sortant de la COP24, je me suis dit que c’était terminé, qu’on ne pouvait plus compter sur les politiques. Il faut que, nous-mêmes, nous lancions la bataille du siècle, c’est notre seule voie de sortie. Pensez-vous que vous auriez dû l’écrire plus tôt ?

• F.V. Non, les choses arrivent quand elles doivent arriver. Après avoir consulté les recommanda­tions assez impérative­s du GIEC, un soir, alors que je n’arrivais pas à dormir, je me suis dit que j’allais essayer de faire quelque chose à la hauteur de mes moyens pour informer les gens. Après l’informatio­n vient le choc puis l’acceptatio­n et la mobilisati­on.

Cela vous a-t-il apaisé ?

• F.V. Pas vraiment, je continue à chercher des informatio­ns sur le sujet tous les jours, ce n’est pas une période facile. Je suis toujours passionnée, mais jamais apaisée…

Comment vivez-vous avec cette obsession très forte ?

• F. V. Je ne suis pas obsédée au sens clinique du terme. Cela me paraît normal d’être préoccupée par la mort de l’humanité, par la survie des enfants dans le monde, de ma propre famille.

Vous ne voudriez pas essayer de délivrer ce message dans un livre de fiction ?

• F. V. Non, car je suis convaincue qu’écrire un roman pour faire passer un message, ce sont deux éléments contradict­oires et le livre se casse la gueule. Comme disait Stendhal : « La politique est une pierre attachée au cou de la littératur­e. »

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L’humanité en péril. Virons de bord, toute ! par Fred Vargas, 256 p., Flammarion, 15 €
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