La lumière noire
L’auteur de polars Michaël Mention livre un saisissant roman d’errance où Miles Davis et New York se disputent la vedette.
Frais quadragénaire, Michaël Mention a publié onze livres en onze ans. Il est aussi devenu un auteur multiprise, tant il change de sujet (et de peau) à chaque composition : polar historique (La Voix secrète, 2017), romans situés en Australie, aux États-Unis ou encore en Angleterre. D’apparence hétéroclite, son travail se penche sur des faits divers et des tueurs en série, tournant autour d’une certaine mythologie « pop », à base de rock, de rap, et ici, de jazz. Un an après le remarqué Power, consacré aux Black Panthers à la fin des sixties, il se penche, dans Manhattan chaos, sur le fameux black-out du 13 juillet 1977, à New York. Ce jour-là, une panne d’électricité de vingt-cinq heures plongea huit millions de personnes dans le noir, provoquant des scènes de pillages dans le Bronx, à Brooklyn et à Harlem. Pour raconter cela, l’auteur se met dans la peau de Miles Davis, qui vivait à Manhattan. Le musicien a mis un terme à sa carrière et s’enlise dans la dépression, rongé par la drogue. En manque d’héroïne, il se résout à sortir pour trouver sa dose, marquant le début d’une nuit de terreur, où il va se heurter aux pillards, aux fantômes de la ville, au racisme, et à son propre statut de star déchue. Convoquant des faits réels et historiques, enchaînant les plans-séquences comme des uppercuts, armé d’une prose hypnotique, Mention mixe les folies personnelle et urbaine, pour nous livrer un roman noir comme la grâce.