La confidente
Anne Dufourmantelle, aujourd’hui disparue, nous a laissé des récits lumineux. En témoignent ces deux ouvrages sur l’intimité de l’être.
Psychanalyste, philosophe, romancière et essayiste trop tôt disparue en juillet 2017, Anne Dufourmantelle a laissé une oeuvre lumineuse et profonde. Comme en témoignent les deux titres repris dans la « Petite Bibliothèque » de Rivages Poche. Dans Défense du secret, la « confidence est une invitation dans la zone la plus intime d’un être. Mais l’élection est aussi une mise à l’écart », écrit une femme qui a quotidiennement été à l’écoute de ses patients, de leurs « pensées cachées, des images interdites, des apartés, de ce qui, dans les conversations, ne se dit pas ». Une femme dont l’officine permettait justement la levée des secrets, qu’ils soient poisons ou trésors. Cette dernière remarquait avec justesse que « nous sommes entrés dans une civilisation de l’aveu, c’est-à-dire de l’inavouable », parlant aussi bien de la vie et de la mort, que des nouveaux totems comme Facebook, Instagram et Twitter, ou encore de l’acceptation de ne pas tout vouloir savoir…
LES SECRETS D’EROS ET LOGOS
Le second, Blind date, vise à sonder le sexe (obsession universelle) et la philosophie – signifiant « amour de la sagesse » en grec. Sexe et philosophie, eros et logos, commercent en secret depuis toujours, « certes, dans l’ignorance réciproque de leurs attachements ». Il est question de rendez-vous en aveugle – dans l’attente d’une vraie rencontre –, de gravité et de légèreté, d’actes de vie, de corps et d’esprit. « La philosophie est un art du toucher et un art de l’intelligence », écrit l’auteure, dans un texte sur la faim (de l’autre) et l’étonnement (que le monde existe) ô combien pénétrant.