EN QUÊTE D’HUMANITÉ

Son trait est sombre et sensuel, ses personnages ont le regard énigmatique et perdu de ceux qui sont projetés dans une troisième dimension : l’univers d’Enki Bilal est l’un des plus beaux de la bande dessinée mondiale. Voici le tome 2 de Bug, son dernier album. L’histoire d’un être revenu de Mars, Obb, qui se trouve détenir toutes les clefs d’Internet, alors que le système informatique de la planète est paralysé par une gigantesque panne et un étrange virus. Tout dépend de lui désormais. Science-fiction ? Oui, nous sommes en 2041. Mais réalité, aussi, tant le monde, dit Enki Bilal, est devenu esclave du numérique. Sur cette terre dominée par la technologie, l’auteur veut croire à l’humanité et à l’amour : son héros, atteint d’hypermnésie, est un être sensible qui va tout faire pour retrouver sa fille Gemma, disparue. Né à Belgrade, Enki Bilal est arrivé en France à l’âge de 9 ans. Ses origines, au pays de

Tito, l’ont marqué pour toujours. Il s’est rapidement affranchi de l’École des beaux-arts, et a imposé son graphisme brillant, puissant et noir. Érotique, aussi. Il dessine toutes ses planches au fusain, à l’acrylique ou à la gouache, puis assemble le récit sur ordinateur. Il aime l’image et s’est aussi adonné à la réalisation et à la scénographie, notamment avec le chorégraphe Angelin Preljocaj. Bug 1 et 2 (un troisième tome est en préparation) devraient être adaptés pour la télévision grâce à la collaboration de l’écrivain Dan Franck.