Fritz Honka, moi, moche et méchant
Tristement célèbre, ce tueur de prostituées a sévi dans le Hambourg des années 1970. L’écrivain allemand Heinz Strunk en a tiré un roman à succès, aujourd’hui porté à l’écran par Fatih Akin avec l’insoutenable Golden Glove*.
Il s’en passait de belles, au Gant d’or. Parmi les clients de ce bar crapoteux de Hambourg, outre de vieilles prostituées et des poivrots, on trouvait un pilier de bar nommé Fritz Honka. Malgré sa petite taille, son strabisme très prononcé et son visage aux traits grossiers, l’homme paraissait sympathique. Surtout avec les dames d’un certain âge, présentes dans les
lieux. Après leur avoir offert quelques verres de schnaps, le sieur Honka conviait ses conquêtes d’un soir chez lui. Sans doute se disait-il qu’elles feraient abstraction de son physique disgracieux et de ses petits problèmes érectiles. Mais c’est sans compter la frustration de ce quidam et son rapport plus que compliqué au sexe féminin – il préférait les femmes édentées… Une fois dans son petit appartement (sordide), le monsieur ( presque) Tout- le- monde laisse alors place au monstre – on lui attribue en effet le meurtre de quatre péripatéticiennes, entre 1971 et 1974, dont il garda les corps découpés et qu’il laissa pourrir. Un incendie dans son immeuble fera éclater la vérité. Condamné à perpétuité, Fritz Honka est mort en 1988.
De cette histoire atroce qui défraya la chronique outreRhin, l’écrivain Heinz Strunk tira en 2016 le roman Der Goldene Handschuh (inédit en France – avis aux éditeurs…), qui connut un immense succès, et qui se voit aujourd’hui remarquablement adapté par Fatih Akin (Head-On). Il faut certes avoir le coeur bien accroché, si l’on va voir Golden Glove, plongée sans concession dans le Mal à l’état pur, jusque dans les détails les plus triviaux (faits, décors ou corps). Mais on tient là une expérience forte de septième art, un hommage sincère au cinéma d’exploitation des années 1980 et une véritable composition d’acteur – bravo à Jonas Dassler, dont l’apparence avantageuse dans la réalité n’a rien à voir avec la « trogne » impossible de Fritz Honka…
* Golden Glove de Fatih Akin (actuellement dans les salles)