Lorraine Fouchet*
L’auteure se souvient de sa rencontre avec Anne Goscinny, dont la lettre ouverte à son père l’a aidée à revenir sur sa propre histoire familiale.
« En 2012 à la Foire du livre de Brive, le hasard a voulu que je dédicace mes romans à côté d’Anne Goscinny, qui venait de publier Le Bruit des clefs ( Nil, 2012), une lettre ouverte à son père, René Goscinny, mort en 1977 quand elle avait 9 ans. Ayant moi- même perdu mon père adolescente, ce petit livre au format d’une enveloppe m’a épatée, enchantée, bouleversée, et poussée à écrire J’ai rendez-vous avec toi (Héloïse d’Ormesson, 2014), un
portrait intime de mon père, Christian Fouchet, résistant et gaulliste de la première heure. Intense et pudique, tendre et inoubliable, Le Bruit des clefs incite à parler à son père tant qu’il en est encore temps, et même quand il est trop tard. Il donne envie de redécouvrir l’oeuvre de Goscinny, créateur génial d’Astérix ou du Petit Nicolas, et de promettre à sa fille qu’il y a des librairies là-haut, et que son père a forcément lu sa lettre en riant aux larmes. Si le texte s’apparente à un cri né d’une blessure, il reste drôle et ciselé, fait du bien tout en disloquant le coeur, évoquant l’amour d’une petite fille pour son père absent : « Je voulais un lundi comme les autres. Comme les autres lundis et comme les autres enfants. Pas un lundi avec un mort dans mon cartable. »
C’est un livre que j’offre souvent à ceux que j’aime, aux tendres et aux aimants, mais jamais aux chafouins. Il a été écrit pour les filles et les pères, les fils et les mères, les aimants et les cabossés, les vivants, ceux qui restent avec l’amour en bandoulière. Quand les larmes ont l’élégance du rire et le panache de l’humour : voici ce qu’on retient de ce texte sincère, vibrant, magnifique, un cadeau qui touche droit au coeur. »