WRITER’S ISLAND
Que devient Nathan Fawles, écrivain mythique qui ne publie plus et vit reclus sur une île de la Méditerranée ? En voulant l’approcher, deux jeunes fans vont plonger dans l’horreur. Méfiez-vous de l’auteur qui dort…
Àla veine surnaturelle qui a fait son succès, Guillaume Musso privilégie depuis peu le thriller. Dans La Vie secrète des écrivains, roman à tiroirs mêlant intrigue policière et digressions théoriques, il parle plus que jamais d’écriture et de littérature (et se permet au passage quelques règlements de comptes assez plaisants). Le personnage central est Nathan Fawles, sorte de Salinger atrabilaire qui n’a plus écrit une ligne depuis vingt ans et ne suce pas que des glaçons. Raphaël Bataille, jeune écrivain en herbe, débarque à Beaumont, île imaginaire de la Méditerranée, où il entend bien débusquer son idole pour lui faire lire ses manuscrits et recueillir ses conseils.
Raphaël est logé chez Audibert, libraire acariâtre, et rencontre Mathilde Monney, journaliste coriace qui a, elle aussi, l’intention d’interviewer le légendaire Fawles. Sauf que, bien sûr, rien ne se passe comme prévu : quand un cadavre est retrouvé dans les rochers, un vieux fait divers remonte à la surface. Et si cet assassinat sauvage était lié au meurtre collectif d’une famille, survenu à la fin des années 1990 dans un immeuble cossu du boulevard de Beauséjour, à Paris ? Et si le silence du grand Fawles avait un quelconque rapport avec ces deux événements ? Raphaël et Mathilde mènent l’enquête en parallèle, Fawles souffle le chaud et le froid, Audibert s’en mêle… À Beaumont, l’atmosphère change : on n’est plus dans un paradis à la Porquerolles, plutôt dans un huis clos infernal à la Shining. Ce thriller littéraire plaira aux lecteurs de La Vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joël Dicker et du Mystère Henri Pick de David Foenkinos. Si la dernière partie accumule un peu les rebondissements et flirte par moments avec le baroque (que vient faire cette histoire de trafic d’organes au Kosovo ?), force est de reconnaître que Musso – que l’on aime ou pas son travail en général – y maîtrise l’art du page-turner.
Certains somnifères à la réputation plus « respectable » pourraient s’en inspirer…