OBSESSION LAPONIE
Après trois polars contemporains sur les communautés spoliées dans le Grand Nord, Olivier Truc offre un récit porté par un souffle épique sur la même région : aventures, espionnage, mais aussi histoire et géographie.
Il y a ce titre, qui évoque les confins : Le Cartographe des Indes boréales. Il y a cette couverture, qui renvoie à l’imaginaire littéraire : telle Moby Dick, une baleine s’acharne à renverser la barque de marins harponneurs. D’ailleurs, c’est à ce monde de baleiniers qu’appartient le héros de ce roman. Nous sommes en 1628. Le tout jeune Izko, né à Saint-Jean-de-Luz, veut consacrer sa vie aux océans et aux grandes épopées. Durant son enfance, débutant sa formation sur les côtes suédoises, il avait assisté au naufrage d’un navire, à quelques encablures, et avait sauvé une femme enceinte qui avait alors accouché sur le rivage. Elle lui avait fait un geste étrange, inexplicable, qui le hantera à jamais. De sorte que, jusqu’à la fin, c’est-à-dire en 1693, son obsession sera de la retrouver. Plus tard, il est envoyé au Portugal puis en Laponie, pour étudier la cartographie.
Le livre devient alors pluriel, donnant la part belle à l’Histoire, sur fond de conquêtes de nouveaux territoires – les royaumes et empires européens rivalisant pour s’accaparer les richesses ( mines d’or ou d’argent) – et de guerres de Religion (luthériens, calvinistes, catholiques). Mais c’est aussi un
roman d’espionnage : devenu le principal cartographe de la monarchie suédoise, Izko est indispensable à celle-ci, qui veut conquérir la Laponie pour ses ressources minières. Auparavant, il était devenu l’espion de Richelieu qui souhaitait surveiller son « allié » du Nord.
LE VENT DE L’HISTOIRE
Enfin, Olivier Truc nous offre un véritable récit d’aventures, avec marins, sorciers, financiers et monarques. Nous traversons ainsi un siècle de présence (de prédation ?) humaine sur Terre, de la Suède à la Laponie en passant par le Portugal, la France et les ProvincesUnies des Pays-Bas. Tout un monde grouille dans ce livre à plusieurs têtes, qui prend tout son sens dans le travail littéraire que l’auteur avait réalisé jusqu’ici, mettant en scène ses obsessions : la spoliation, la survie, la voix des peuples et… la Laponie.