LA MORT AUX TROUSSES
La plume toujours aussi aiguisée, James Lee Burke revient avec son personnage fétiche pour une enquête haletante.
Chantre amoureux et néanmoins désenchanté de la Louisiane, le désormais octogénaire James Lee Burke a plusieurs cordes à son oeuvre, mais Dave Robicheaux est son principal héros. Hanté par le Vietnam, devenu inspecteur aux homicides à New Iberia, abîmé par la boisson, il nous raconte une nouvelle histoire non officielle du Vieux Sud. Quand débute cette vingt et unième aventure, ce semi-retraité ne se remet pas de la mort de Molly, sa troisième femme (que les fidèles connaissaient bien), dans un accident de voiture deux ans auparavant. Et voilà qu’un malfrat le lance sur une piste inexplorée par les enquêteurs. Apparaît alors Jimmy Nightingale, propriétaire d’une compagnie d’assurances qui vient d’entrer en campagne pour le poste de sénateur. Comme toujours, Robicheaux « travaille » avec son ami et ancien détective Clete Purcell, incontrôlable et autodestructeur. Bientôt, une femme mariée affirme que Nightingale l’a violée. Puis des prostituées sont assassinées. C’est parti pour une histoire de violences sourdes, sur fond d’élection,
qui rassemble des thèmes chers à Burke quand il conte la Louisiane : « La démagogie est un fait acquis ; la misogynie, le racisme et l’homophobie sont des vertus religieuses, et l’ignorance autosatisfaite est devenue source de fierté. » Ajoutez à cela que Robicheaux, suspecté dans l’une des intrigues, va encore se mesurer à ses fantômes pour démêler tous les fils autour de la mort de Molly. Récits alambiqués, écriture à fleur d’émotion : dans Robicheaux, l’enfer de Burke fait encore
notre bonheur.