LOVE ME TINDER
Enfant, Judith Duportail se voit notée 5 sur 10 par un camarade. Aujourd’hui, l’application de rencontres où elle est inscrite a calculé cette même note pour elle. Enquête au coeur de la machine Tinder.
En s’inscrivant sur Tinder, la journaliste Judith Duportail ne se doutait pas qu’elle tenait le sujet de son prochain livre, L’Amour sous algorithme. D’abord fascinée par cette application de rencontres utilisée par près de 50 millions de personnes dans le monde, elle développe même une forme d’addiction pour ce supermarché de la « chope », où l’inhibition n’existe plus, où des dizaines d’hommes s’adressent à elle, lui donnant un petit « shot de narcissisme » bien agréable. Jusqu’à ce qu’elle découvre l’existence d’une note de désirabilité que Tinder attribue à ses utilisateurs en fonction de leurs atouts et performances.
Une donnée au coeur de l’algorithme du géant américain. Débute alors un périple gonzo haletant, à mi-chemin entre l’enquête journalistique sur l’amour 2.0 et le journal intime
féministe d’une trentenaire confrontée à son image. En plus de découvrir sa note, Judith Duportail compte bien comprendre ce qui est à l’oeuvre dans la machine Tinder. Aidée par des hackers et des avocats, elle essaye de faire aboutir son enquête, enchaînant par ailleurs rencontres et ruptures sur l’application.
Si le face- à- face avec son double virtuel s’avère désagréable lorsqu’elle décortique les 800 pages de données collectées sur elle par l’application, c’est la lecture des 27 pages du brevet initial déposé par les fondateurs qui va faire l’effet d’une bombe. Création de castes d’apparences, discrimination sociale et sexuelle, reproduction des dogmes patriarcaux, ce qu’elle y découvre fait froid dans le dos.