UNE PARTIE DE BADMINTON
Mort de son père, insuccès de ses derniers livres, endurance « dangereusement érodée » de sa compagne Sarah, dos foutu après vingt-quatre mois de douleurs (et de codéine) : Paul Lerner se trouve dans une spirale de l’échec. Après quelques années passées à Paris, ce romancier a convaincu sa famille (il a deux enfants) de revenir dans la région des débuts, à Saint-Lunaire, entre Dinard et Saint-Malo. Il travaille dorénavant pour le journal local. Mais quand son aînée fugue et que Sarah s’absente de plus en plus souvent, étrangement, des fissures plus anciennes apparaissent : entre lui et celle qu’il aime, entre lui et sa fille, en Lerner lui-même. La vie s’acharne à faire voler
ses certitudes en éclats, jusqu’à un climax tout en tension mais aussi, et c’est l’un des ressorts dramatiques du roman, tout en retenue et en maturité, nouvelles chez Lerner. À cette crise de couple, thème fréquent chez Olivier Adam, l’auteur ajoute ici une tension sociale : dans le même temps, la région est mobilisée autour de la défense d’un centre d’accueil pour réfugiés. Une partie de badminton est une face B des Lisières (2012), dont il reprend d’ailleurs des personnages. Mettant en écho les tourments intérieurs de son antihéros face aux problématiques politiques locales, il poursuit et complète ses réflexions sur la classe moyenne. D’un blues plus sombre encore que les précédents, ce treizième roman « pour adultes » d’Adam joue une nouvelle fois sur la corde.