Lire

RIEN N’EST NOIR

-

Conviée à une soirée donnée par Tina Modotti, aventurièr­e et photograph­e italienne de grand talent, la narratrice du nouveau roman de Claire Berest observe avec attention les allées et venues d’un homme laid et gros, à la carrure de mastodonte. Il s’appelle Diego Rivera. Il est le peintre le plus connu du Mexique. La jeune invitée, elle, se nomme Magdalena Frida Carmen Kahlo Calderón. Elle a 20 ans. Elle est « belle et bancale comme la cathédrale du Zocalo » . Elle a une « tête de terre cuite », des sourcils épais d’effrontée, le feu en elle, des envies d’en découdre. La demoiselle repose sur des jambes de « papier mâché ». Elle n’est pas encore totalement remise de

l’ « Accident » de bus qui a salement mis son dos à mal, qui l’a figée à l’hôpital pendant des mois. Elle a vaillammen­t recommencé à marcher trois mois après. Désormais, elle ne porte plus de corset, boit sec et a le verbe haut. Frida aurait pu être médecin, elle sera peintre parce que ça la soulage, que ça l’aide à lutter et parce qu’elle déborde de talent. Elle connaît le travail du camarade Rivera depuis un moment, elle l’a déjà interpellé en public. Le maître ne l’impression­ne pas, elle est prête à l’affronter. Elle a même affirmé crânement qu’elle aurait un enfant avec lui. Elle va devenir Frida Kahlo de Rivera, découvrir les États-Unis, le corps des femmes blondes. Entrer dans la légende et porter d’un bout à l’autre Rien n’est noir, le livre de Claire Berest.

Newspapers in French

Newspapers from France