CASSE- TÊTE ÉGYPTIEN
François Schuiten et ses compères sortent un nouvel album de Blake et Mortimer qui réjouira les inconditionnels.
Une dream team s’est constituée au coeur de Bruxelles, à l’ombre de son gigantesque palais de justice. Une architecture bien propre à faire rêver les rêveurs : trop grande, trop haut, trop tout. Enfermez dans cette enceinte étrange le Schuiten de Brüsel, le van Dormael de Toto le héros, le Gunzig du Manuel de survie à l’usage des incapables et le maître affichiste Durieux ; plongez- les dans la relecture du Mystère de la Grande Pyramide, du Piège diabolique et de S.O.S. Météores, et vous obtiendrez ce treizième épisode posthume de la saga Blake et Mortimer, qui réactive tous les ressorts classiques : cauchemars et hiéroglyphes, métropole en ruines et société secrète, matin des magiciens, fin du monde programmée, jeune beauté égyptienne… Comme de bien entendu, de black- out
mondial en black-out mondial, de réminiscences en retours en arrière, Mortimer sauve, une fois de plus, l’humanité.
Depuis qu’il y a près d’un quart de siècle Blake et Mortimer ont été ressuscités, le plaisir tient d’abord au jeu avec le second degré – les auteurs respecteront-ils tous les codes ? Mais la réussite finale est toujours affaire d’émotion. Apparemment, c’est le cas. Ce Jacobs-là est minéral et magnétique, moins bavard que l’original mais plus marmoréen. On y entre lesté d’une forte dose d’anxiété, on en sort après une apothéose d’effets spéciaux. Ici où tout rayonne, pour le meilleur ou pour le pire, la vibration la plus sensible est celle qui émane de ces images crépusculaires et de ces éclairages caravagesques. Sans doute la plupart des lecteurs la sentiront-ils.