Force intérieure
De l’enfance à l’âge adulte, Jean-Claude Dubois fait le récit d’une vie au fil d’une introspection délicate et sobre.
Un vieil homme se retourne sur sa vie passée. Quelques photographies extirpées d’une malle, rescapées d’époques proches et lointaines. Qui est ce garçonnet mal dans sa peau qui a fui le monde et les rires pour se réfugier dans la littérature ? Avec sensibilité, Jean-Claude Dubois (à ne pas confondre avec le romancier Jean-Paul Dubois) examine ces clichés, réels et imaginaires, qui ont jalonné son existence. De petites touches en clignements d’yeux, Une chose pour quoi je suis né déroule son enfance modeste dans le Nord, le père bientôt mort, la mère toujours hors champ, le grand-père dont les bras accueillent les instants de
bonheur enfantin. Il y a aussi les visites du moulin à vent, les cours de musique, la distribution des dictionnaires offerts aux écoliers par le maire du village.
DOULEUR ET MOMENTS HEUREUX
Ce mouvement introspectif puise dans la sobriété et l’économie pour faire éclore et dialoguer les évocations. La maturité vient avec la rencontre amoureuse : « Il n’est pas plus facile d’écrire sur la femme qu’on aime que de n’en rien dire du tout. » Suivent d’émouvantes pages sur la douleur – « elle est la vie dans ce qu’elle a de plus inexplicable » – et sur la banalité des moments heureux. À la fin, le poète devenu grand-père rit avec sa petite-fille. La boucle est bouclée. On en sort avec le sentiment de ce que continue d’être la poésie : un endroit à part, où le temps se dilate et où le coeur bat plus fort.