Quand le pasteur devient docteur
La première adaptation en français, par Madame Rémy et « traduit librement de l’anglais avec l’autorisation de l’auteur », a paru sous le titre, fidèle à l’original, de Petites femmes. Il n’y est guère question de « docteur » March. Et pour cause ! On doit à la traduction de Pierre-Jules Hetzel, à vrai dire l’éditeur de Jules Verne qui la publia en 1880 sous le pseudonyme P.-J. Stahl, d’avoir inventé le « docteur » March pour les besoins du lectorat français de l’époque, alors catholique et républicain. Son adaptation, intitulée Les Quatre Filles du docteur Marsch, germanise le patronyme de la famille. Cette modification en entraîna d’autres. Par exemple, Meg March, l’aînée des filles, déclare dans l’original que « c’est vraiment merveilleux pour papa de pouvoir s’engager comme aumônier alors qu’il était trop âgé pour être mobilisé et pas assez fort pour être soldat ». Stahl transpose : « Comme c’est beau à papa d’être parti à l’armée comme médecin, puisqu’il a passé l’âge et qu’il n’aurait plus la force d’être soldat ! » J.M.