Jaipur Literature Festival, le Francfort indien
Chaque année en novembre, quand la rentrée littéraire s’achève en France dans le train revenant de la Foire du livre de Brive – autrement nommé « le train du cholestérol » –, la saison des festivals en Inde commence. De Bombay à Delhi, en passant par Madras ou, ici, Jaipur.
«Incredible India », tel est le slogan affiché dès l’aéroport de New Delhi. Dans les rues, d’autres panneaux indiquent « Possible Everything, Everything Possible » ( « Tout arrive, tout est faisable »). Cela en dit beaucoup sur l’image que les Indiens ont d’eux-mêmes. Rien n’est trop grand, rien n’est impossible dans ce pays de 1,3 milliard d’habitants qui ne manquent pas de dynamisme et d’ambition. Comme d’organiser la plus grande foire du livre gratuite au monde, tous les ans à Jaipur, dans l’État du Rajasthan. Un million et demi de visiteurs, des milliers d’exposants, des centaines d’écrivains et d’éditeurs se rencontrent au « Jaipur Lit Fest ». L’édition 2020, du 23 au 27 janvier, annonce 300 intervenants. Par le passé, on a pu y voir Salman Rushdie interviewé par Oprah Winfrey, Michael Ondaatje, Ian McEwan, Hanif Kureishi, Thomas Piketty, ainsi que les prix Nobel Orhan Pamuk et J.M. Coetzee.
Depuis sa création en 2006, ce festival a également développé un pendant professionnel avec le Jaipur Book Mark, la partie du festival dédiée aux professionnels. Les délégations d’une vingtaine de pays sont présentes, et une dizaine de « business sessions » sont organisées. De quoi faire de l’ombre à la Foire du livre de Francfort, selon Neeta Gupta, éditrice, traductrice et directrice du Jaipur Book Mark. « Le Jaipur Lit Fest a lieu quatre mois après Francfort. Certes, ici, tout se négocie de façon plus informelle, mais il y a de nombreuses opportunités pour les auteurs et éditeurs indiens qui n’ont pas la possibilité de se rendre en Allemagne. » Et l’on veut bien la croire : ces dernières années, le festival a généré, d’après elle, plus de 3 millions de dollars.