« Proust est trop maximaliste pour Chanel ! »
Loïc Prigent, le Jean-Marie Gourio de la fashion week, revient avec un savoureux recueil de « pépiements » entendus dans le milieu de la mode. Un livre qui déride – et à préférer à un énième lifting.
Après « J’adore la mode mais c’est tout ce que je déteste », vous publiez « Passemoi le champagne, j’ai un chat dans la gorge ». Comment vous est venue l’envie de réunir ces brèves de comptoir ?
• Loïc Prigent. J’en ai eu l’idée la première fois lors d’un sujet à la télévision où Sonia Rykiel prononçait un aphorisme particulièrement dément. Pour m’en souvenir, j’ai ensuite pris l’habitude de noter ces phrases de la mode, car autant elles sont définitives, autant on les oublie très vite. La mode est bavarde… Tout y est vrai. Les seuls propos que j’invente sont ceux que je prononce – je plains d’ailleurs mon entourage.
Le nom de Proust revient souvent. Est-ce une référence pour vous ?
• L.P. Proust est mon idole. Plusieurs amis le lisaient simultanément ces derniers temps, et, quand on lit Proust, on n’éprouve qu’une seule envie, parler de lui. J’aimerais réussir à le connecter à Gabrielle Chanel. Tous deux, au même moment, fréquentaient le Ritz ainsi que Jean Cocteau et un certain nombre d’autres personnes. Peut-être se sont-ils alors croisés à un dîner ? Chez Chanel, rue Cambon, du dernier étage – celui des ateliers –, on aperçoit l’église de la Madeleine dont Proust descend les escaliers dans ce film récemment découvert.
Avez-vous déjà pensé à écrire un roman sur le milieu de la mode ?
• L.P. La fiction n’est pas vraiment mon terrain. La réalité que j’évoque est déjà tellement folle qu’elle rend souvent la fiction mesquine… Les créateurs, les mannequins et les attachées de presse vivent tous des vies impossibles à scénariser !