Un saint contre Hitler
Paysan autrichien opposé à la guerre, Franz Jägerstätter a été béatifié en 2007 par le pape. Il avait eu le courage de s’élever contre le nazisme.
Le 9 août 1943, Franz Jägerstätter (36 ans) est décapité dans la prison de Brandebourg, à Berlin. Il a été jugé coupable de « saper le moral des troupes » . Le paysan de St. Radegund, sacristain de son petit village de cinq cents habi tants s i t u é e n t r e Salzbourg et la frontière allemande, refusait de combattre dans l’armée du IIIe Reich. En 1938, il s’était déjà singularisé en votant contre l’Anschluss.
Le 26 octobre 2007, jour de la fête nationale autrichienne, Jägerstätter était béatifié dans la cathédrale de Linz. Selon le pape bavarois Benoît XVI, il est « le témoignage silencieux et héroïque de tant de chrétiens qui vivent l’Évangile sans compromis, en remplissant leur devoir ».
Le film que lui consacre Terrence Malick, Une vie cachée, sort en décembre, avec August Diehl dans le rôle-titre. Dans la foulée, les éditions Bayard publient trois textes sur son refus de combattre dans l’armée du IIIe Reich (« Être catholique ou nazi », choisi comme titre de l’ouvrage), des notes sur son opposition au nazisme et l’ultime lettre à son épouse aimée, Franziska, dite « Fani » . « Pour quelle raison, interroge Jägerstätter, Dieu aurait-il doté les hommes d’une intelligence et d’un libre arbitre, si on ne nous accorde même pas, comme on l’affirme, de juger si cette guerre que l’Allemagne est en train de mener est juste ou injuste ? » La « guerre juste » : une question canonique depuis saint Augustin. « Je crois, conclut le paysan de Haute-Autriche, que l’on peut prêter obéissance aveugle, mais seulement dans le cas où l’on ne cause aucun dommage à personne. »