LA ROUTE DE LA FORTUNE
Repéré dès la rentrée par notre rédaction, Par les routes de Sylvain Prudhomme, lauréat du prix Femina, est un roman sensible et magnifiquement écrit sur ce que coûte le choix d’une vie dans un monde en marge.
Des hommes et des femmes « aux semelles de vent » peuplent le huitième roman de Sylvain Prudhomme. Il y a d’abord Sacha, un écrivain parisien sans attaches, qui décide d’aller vivre à V., dans le sud de la France. Il s’installe dans un meublé, lit et écrit tout le jour, peint des tableaux. Sa solitude bienheureuse est de courte durée : il rencontre une fille, renoue avec un ami de jeunesse – « l’autostoppeur » –, puis sympathise avec Marie, la compagne de ce dernier, et leur fils. Quand l’autostoppeur décide de reprendre la route, désertant son foyer pour le plaisir du voyage et de la rencontre avec les automobilistes, Sacha reste à V., et prend peu à peu sa place.
Sylvain Prudhomme raconte les déplacements – géographiques et sentimentaux – de ses personnages avec une grâce et une délicatesse inouïes. Tout est si beau, si fragile. Son style, à la fois poétique, serré et épique, se densifie dans ce roman distingué par le prix Femina, dont la prose charrie musique, lumière et émotion en une brève poignée de mots.
Révélée avec Là, avait dit Bahi
en 2012, consacrée avec Les Grands
– magnifique histoire d’un groupe de musiciens bissau-guinéens, entre l’Afrique et Paris –, l’écriture de Prudhomme se rassemble ici pour toucher très fort ce qui l’occupe depuis ses débuts : les passions qui lient et délient les êtres. n Par les routes par Sylvain Prudhomme (Gallimard/L’Arbalète)