JEUNES, BEAUX, AMOUREUX, ILS ONT ÉCRIT UN LIVRE À DEUX
La déflagration littéraire de l’année est l’oeuvre d’un couple. Simon et Capucine Johannin ont uni leur voix pour former une magistrale odyssée de la dèche.
L’Été des charognes, un premier roman paru en 2017 dans la petite maison d’édition Allia, avait mis un nom sur toutes les lèvres : Simon Johannin. Fiévreuse et outrancière, sa plume avait marqué les esprits et le classait parmi les jeunes talents à suivre. Au début de cette année, il signait son grand retour avec un récit écrit cette fois à quatre mains, avec sa femme Capucine. À lui seul, le couple est une publicité pour la littérature. Jeunes (54 ans à eux deux !) et talentueux, ils ont la délicatesse de nous rappeler qu’un homme et une femme peuvent écrire ensemble, et ce sans que l’un domine l’autre.
LA NUIT COMME ÉCHAPPATOIRE
L’union de leur voix donne à lire un roman fulgurant et irrévérencieux, le récit sombre d’une jeunesse invisible et en marge, qui lutte pour se faire une place dans une société qui ne veut pas d’elle. Nino dans la nuit est un livre à double fond, une folle histoire d’amour et un grand roman social sur la fin du salariat. Il raconte le parcours chaotique d’un jeune couple, Nino et Lale, aux prises avec la pauvreté. Animés d’une irrépressible fureur de vivre, ils mènent une vie de débrouille, celle d’une jeunesse qui cumule les petits boulots et les trafics en tout genre. Entre rejet du système et soumission à ses codes, une seule échappatoire : la nuit. Cet espace où ce qui a échoué le jour peut peutêtre prendre vie. Où la défonce permet de s’affranchir des conventions et d’oublier, un court instant, une existence faite d’humiliation.
Nino dans la nuit fait partie de ces romans qui vous explosent au visage. Un mélange incendiaire entre le Journal du voleur de Jean
Genet, la poésie de Pasolini et le cinéma d’Harmony Korine dans Gummo. Avec une violence pleine de grâce, Simon et Capucine Johannin donnent vie aux ténèbres et peignent la noirceur contemporaine. Comme un symbole, le premier et le dernier mot du roman se répondent dans un funeste écho. Du « Paradis » aux « Enfers », une littérature du purgatoire.
n Nino dans la Nuit par Simon et Capucine
Johannin (Allia)