. PEUT-ON AVOIR LE NATIONAL BOOK AWARD DEUX FOIS ?
Oui, quand on est un homme. Mais jusqu’en 2017, cela n’était jamais arrivé à une femme. Cette année-là, Jesmyn
Ward a créé l’événement en recevant le National Book Award pour Le Chant des revenants, distinction que la romancière américaine avait déjà remportée en 2011 pour Bois sauvage. Elle est alors devenue la première femme écrivain ainsi couronnée, rejoignant, entre autres, William Faulkner, Saul Bellow, Philip Roth, John Updike, John Cheever et Bernard Malamud dans le cercle très fermé des doubles lauréats. Remis depuis 1950, le National Book Award est considéré comme aussi prestigieux qu’un Booker Prize ou qu’un Nobel de littérature.
Paru en France en février 2019 aux éditions Belfond, Le Chant des revenants est un road- trip à trois voix sur les routes du Mississippi, région où Jesmyn Ward vit et ancre son oeuvre depuis ses débuts. On y rencontre Leonie, dont le mari est en prison ; leurs enfants métis, le courageux Jojo et sa petite soeur Kayla ; et Richie, le fantôme d’un jeune garçon, mort des années auparavant quand il était codétenu avec le grand-père de Jojo au tristement célèbre pénitencier de Parchman. Dans un sublime jeu de miroirs et de résonances littéraires, l’auteure s’arrête sur la violence passée et actuelle de ce territoire marqué par l’esclavage et la ségrégation. Le récit est à la fois très réaliste et magique ; intense et hanté. Sublime.
n Le Chant des revenants par Jesmyn Ward (Belfond)