Frédéric Martel À CONFESSE
LE JOURNALISTE A UTILISÉ UNE TENUE DE SCAPHANDRIER POUR EXPLORER UN BÉNITIER.
Il aura fallu quatre ans d’enquête et quatre-vingts collaborateurs pour révéler que le Vatican est un club gay très actif. Or Rome la débauchée est dénoncée depuis le Xe siècle. Plat et polisson, Sodoma corrobore la célèbre expérience de Torricelli (1643) : le vide existe. Les premiers à se ruer dessus ont sans doute été les séminaristes romains et les chérubins du Ciel, qui en pouffent encore dans leurs ailes
(le cardinal Tortellini est de la jaquette).
DES NOMS QUI PLEUVENT MALGRÉ UN DÉSIR AFFICHÉ CONTRAIRE.
Si l’hypocrisie des cardinaux révulse, la volonté d’outer les hypocrites, en soulevant les mozettes, scandalise tout autant. « Il est inutile de donner trop de noms », précise le vertueux Martel. Dès qu’un cardinal a un jeune secrétaire et les tables des napperons, le gaydar de Martel fait bip-bip. Mais le joujou extra ne marche pas tout seul : vingt-neuf « informateurs » ont aidé. Ne le répétez pas, il paraît que le cardinal Stafford « n’est probablement pas lui-même homosexuel ». Ma tante Hortense n’en croit toujours pas ses oreilles.
L’AUTEUR PENSE POINTER DU DOIGT LA CLÉ DES AFFAIRES DU VATICAN.
Faire de l’homosexualité « une des clés de compréhension majeure » des affaires du Vatican depuis des décennies (telle l’opposition à la théologie de la libération) repose sur un raisonnement croquignolet : dans toutes ces affaires, il y a toujours au moins un homosexuel impliqué, donc l’homosexualité est la clé. Voilà qui rappelle la délicieuse réplique à la fin de Casablanca : « Arrêtez les suspects habituels. »
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Sodoma. Enquête au coeur du Vatican par Frédéric Martel (Robert Laffont)