MARS ATTAQUE
L’histoire militaire connaît un regain d’intérêt et cela se manifeste en librairies. De la guerre du Péloponnèse à la guerre froide, passage en revue de ces ouvrages éclairants que nous livrent, entre autres spécialistes, Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, P
C’ est le succès de la rentrée :
Barbarossa 1941. La guerre absolue, de Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, un pavé d’un millier de pages sur la guerre germano-russe, écoulé à près de 20 000 exemplaires. L’auteur a ainsi réussi un quadruple pari : offrir « une vision équilibrée des deux camps », quand la plupart des ouvrages se contentent du point de vue allemand ; élargir, au-delà de la campagne militaire, à l’idéologie, la diplomatie, le renseignement, l’économie ; livrer des sources russes récentes, inédites en français ; recourir aux journaux intimes, dialogues (réels) et portraits des acteurs, pour incarner le drame de façon vivante.
Ah ! Dieu que la guerre est jolie. Les éditeurs reprendraient-ils à leur compte le titre de la comédie musicale de Richard Attenborough ? Toujours est-il que l’histoire militaire connaît un regain. Ainsi Jean Lopez a-t-il dirigé dans la foulée un album illustré : La Wehrmacht, la fin d’un mythe, chez Perrin. Alors que le premier éditeur de livres d’histoire publiait l’année dernière une Histoire militaire de la France en deux tomes, sous la direction d’Olivier Wieviorka et d’Hervé Drévillon, la jeune maison Passés composés sort les deux premiers des quatre tomes de Mondes en guerre :
De la préhistoire au Moyen Âge et
L’Âge classique e- e siècle. Ces deux XV XIX sommes, coéditées avec le ministère des Armées, sont aussi dirigées par Hervé Drévillon, directeur de l’Institut des études sur la guerre et la paix, et membre du conseil scientifique de la recherche historique de la Défense.
DE LA GUERRE ABSOLUE À LA GUERRE FROIDE
L’autre thème en vogue est la guerre froide, sans doute du fait de l’usage régulier de l’expression pour caractériser la situation internationale actuelle et commémorer les trente ans de la chute du mur de Berlin. France 2 a diffusé en octobre Apocalypse. La guerre des mondes, un documentaire remarquable signé par les orfèvres Daniel Costelle et Isabelle Clarke. L’un de leurs conseillers historiques, Pierre Rigoulot, directeur de l’Institut d’histoire sociale, publie Points chauds de la guerre froide (1946-1989),
à l’Archipel : une chronique solide en forme d’hommage aux « combattants de la liberté », de Kravchenko à Soljenitsyne. D’outre- Atlantique nous parvient la somme impressionnante d’un professeur de Yale, Odd Arne Westad, Histoire mondiale de la guerre froide. 1890-1991.
L’originalité de sa thèse est de faire remonter celle-ci aux années 1890, date de la première crise capitaliste mondiale, de la radicalisation du mouvement ouvrier et de l’émergence de l’Amérique et de la Russie en puissances impériales.
Côté album, signalons deux parutions. Le catalogue de l’exposition « Guerre et Paix » (Gallimard) – à la Fondation Martin-Bodmer de Genève (jusqu’au 20 mars prochain) – explore ce tandem immémorial au travers de la littérature, de l’art et des sciences humaines. Regards sur le Liban. 1975-1990 (Gallimard) raconte « les soldats français dans la guerre », sous la plume de Xavier Baron, journaliste de l’AFP en poste à Beyrouth pendant la guerre civile. À hauteur d’hommes, Dominique Missika et Bénédicte VergezChaignon publient quant à elles un album sensible, Nous, les enfants de la guerre (Tallandier). Et en guise de bouquet final s’impose l’enquête serrée et à l’écriture déliée de Grégoire Kauffmann, Hôtel de Bretagne (Flammarion), récit d’ « une famille française dans la guerre et l’épuration ». La sienne. Toute la question est de savoir si Pierre Brunerie, 30 ans, chef d’un maquis de Quimperlé, est à l’origine de l’assassinat, le 9 août 1944, d’Adolphe Fontaine, responsable local de l’Organisation Todt, l’agence de construction du IIIe Reich, chargé du mur de l’Atlantique ? Or, Brunerie n’est autre que son grand-père maternel.
■ Barbarossa 1941. La guerre absolue par Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri (Passés composés)
Mondes en guerre (t. 1). De la préhistoire au
■ Moyen Âge et Mondes en guerre (t. 2). L’Âge classique, e- e siècle sous la direction d’Hervé XV XIX
Drévillon (Passés composés)
Histoire mondiale de la guerre froide. 1890
■ 1991 par Odd Arne Westad (Perrin)
Points chauds de la guerre froide
■ (1946-1989) par Pierre Rigoulot (L’Archipel)