Soeurs de vérité
Égérie en tant qu’actrice de tout un pan du cinéma indépendant américain (souvenez-vous de Frances Ha !), Greta Gerwig s’était fait particulièrement remarquer en tant que cinéaste avec son épatant deuxième long-métrage, Lady Bird, autour de l’émancipation d’une jeune fille. Il ne faut dès lors pas s’étonner qu’elle soit aujourd’hui aux commandes de cette nouvelle adaptation du roman de Louisa May Alcott, déjà quatre fois porté à l’écran pour le cinéma (notamment par George Cukor), sans compter les téléfilms et les versions en animation. Si la reconstitution d’époque est soignée – avec une attention portée aux costumes –, tout comme la photo et le montage, on regrettera toutefois que tous les personnages ne passionnent pas de la même manière Greta Gerwig, ce qui déséquilibre le récit. On la sent en effet davantage intéressée par les désirs d’écriture et de liberté de Jo l’insoumise (Saiorse Ronan, malicieuse à souhait), ainsi que par la jalousie de la peintre ratée Amy (l’excellente Florence Pugh, déjà remarquée dans Midsommar), que par les destins des deux autres soeurs, Meg (Emma Watson) et Elizabeth (Eliza Scanlen). Il y a naturellement un plaisir de voir jouer d’épatantes jeunes comédiennes, secondées par de remarquables aînées (Laura Dern et Meryl Streep) – quitte à ce que les personnages masculins paraissent bien ternes. Les Filles du docteur March souffre par ailleurs d’un sentiment de surplace narratif et d’une imagerie qui prend le pas sur le récit, tuant hélas quelque peu l’émotion. Baptiste Liger