Lire

Chawki Amari*

« Les manifestat­ions ont accompli une chose formidable : on a viré un président »

- Propos recueillis par Hubert Artus

L «’ Âne mort, paru en 2014 en Algérie, est mon troisième roman. Je l’ai écrit entre Alger et la Kabylie, où il se déroule pour l’essentiel. Bien que né à Alger, je suis kabyle et j’ai de la famille et des amis dans cette région très montagneus­e mais surpeuplée. Des milliers de villages sont encore installés sur les crêtes, c’est- à- dire à 3000 mètres d’altitude. Avec tous les problèmes que cela pose : difficulté à trouver de l’eau, agricultur­e presque impossible à pratiquer. Y vivre est un choix vraiment difficile à assumer. Mais c’est splendide car on y trouve tout à la fois la montagne, la mer et des forêts. Le Kabyle s’est souvent retrouvé en minorité ethnique, ce qui explique le fort sentiment de rébellion contre le pouvoir central, voire les volontés sécessionn­istes.

Un besoin de stabilité

Après des années noires et de terrorisme, l’Algérie a eu besoin de stabilité. Nous étions donc un peu moins regardants sur les actions de nos gouvernant­s. La paix était retrouvée, et l’argent fourni par le pétrole a permis de payer nos dettes. Les choses fonctionna­ient plus ou moins malgré les imperfecti­ons du régime – jusqu’à aujourd’hui foncièreme­nt autocratiq­ue. Les manifestat­ions qui se déroulent depuis dix mois ont accompli une chose formidable : on a viré un président, on a mis en prison quelques oligarques (pas tous, mais une bonne partie). Ainsi, quel que soit le président élu [cette interview a eu lieu avant les élections du 12 décembre], il aura très peur de la pression de la rue. Et je pense que ce mouvement populaire engendrera des choses nouvelles sur le plan artistique. On en reparlera l’année prochaine ! » * Dernier livre paru : L’Âne mort ( L’Observatoi­re)

 ??  ?? Paysage de Kabylie.
Paysage de Kabylie.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France