La renaissance du roman-feuilleton
Sur Twitter et Instagram, des récits énigmatiques tiennent en haleine des milliers de lecteurs et remettent au goût du jour le roman à épisodes.
Il semblerait que la tradition des romans qui s’affichaient chaque jour au dos des quotidiens sous la forme de feuilletons refasse surface sur les réseaux sociaux. En lançant en 2015 le #Madeleineproject – l’enquête menée sur une mystérieuse Madeleine, ancienne locataire de son appartement –, Clara Beaudoux est devenue l’une des pionnières de la « twittérature ». Des milliers de lecteurs se passionnent pour ce feuilleton qui devient même un livre aux éditions du Sous- Sol. En 2017, le scénariste François Descraques s’essaye à cette nouvelle forme littéraire, mais en assumant le jeu entre réalité et fiction. Dans un thriller haletant intitulé 3e droite, il raconte lui aussi son emménagement dans un nouvel appartement. Mais cette fois, c’est son propriétaire, louche et peu causant, qui va être au centre d’un conte fantastique publié l’année dernière chez Flammarion.
Ces deux expériences ont ouvert une brèche dans laquelle beaucoup s’engouffrent aujourd’hui. On assiste à une véritable déferlante de formes narratives innovantes sur les réseaux sociaux. À l’image de l’enquête numérique façonnée par le compte Twitter Eiffel1812, qui a fini en apothéose il y a quelques semaines. Sur Instagram, les histoires fleurissent aussi et s’illustrent en images. Avec Motel Detective, une enquête au coeur d’un village niché dans les montagnes, la chroniqueuse judiciaire Elsa Costa a séduit plus de 30 000 lecteurs. Preuve du réel impact de ce nouveau format, les médias traditionnels s’en emparent à leur tour. Lancée en 2017, la BD Instagram du groupe Arte, Été, en est à sa troisième saison et rassemble près de 100 000 lecteurs. Un chiffre à faire pâlir n’importe quel éditeur. Ça tombe bien, en ce moment, ils surveillent Instagram de très près.