C’est pas sorcier !
Des monstres, de l’inceste, des têtes qui tombent… Non, il ne s’agit pas d’une nouvelle saison surprise de Game of Thrones, mais de The Witcher, adaptation télévisuelle aussi attendue que redoutée de la célèbre ( du moins chez les amateurs de fantasy) saga littéraire signée Andrzej Sapkowski. Un véritable phénomène pop qui avait déjà donné naissance à trois jeux vidéo sortis entre 2002 et 2015 (voir notre enquête « Jeux vidéo et littérature » page 34) et écoulés à plus de 40 millions d’exemplaires.
Mais là où ces déclinaisons vidéoludiques avaient la bonne idée de prolonger leur modèle littéraire en proposant à chaque fois une intrigue totalement inédite, la série TV, elle, préfère se fonder sur les trois premiers tomes : L’Épée de la providence, Le Dernier Voeu et Le Sang des elfes, soit deux recueils de nouvelles et un roman pour servir de fil rouge. Une fausse bonne idée qui oblige la série à mélanger les intrigues et les temporalités au sein d’une structure narrative brouillonne qui paraîtra bien confuse aux yeux des « profanes » ne connaissant rien à l’univers de Sapkowski. Bien que fidèle à l’esprit de son matériau d’origine, ne serait-ce que dans sa réinterprétation malicieuse de mythes issus des folklores occidentaux et orientaux, la série peine à s’y hisser en termes d’ambitions. La faute en revient à un manque évident de moyens, chaque épisode oscillant entre le kitsch de Xena, la guerrière, et la violence furieuse de Game of Thrones, empruntant à la première son goût pour les effets spéciaux datés et au second son inclination pour les scènes outrancières, le tout baigné dans une esthétique très terne. On se consolera avec un Henry Cavill (le Superman de Zack Snyder) impérial dans le rôle-titre et quelques combats bien sanglants. Au final, on se souviendra de ce Witcher davantage comme d’un pur plaisir coupable, dont le mauvais goût à moitié assumé renvoie au Beowulf avec Christophe Lambert ( l’insupportable musique techno en moins) que comme le digne successeur de Game of Thrones. Depuis le 20 décembre sur Netflix