23 / Nastassja Martin.
Après le succès des Âmes sauvages en 2016, l’anthropologue française revient avec Croire aux fauves, un roman coup de poing, qui relate sa rencontre avec… un ours ! En 2015, alors qu’elle se trouve sur une montagne du Kamtchatka pour le travail, Nastassja Martin est attaquée par cet animal féroce, qui repartira avec un morceau de sa mâchoire alors qu’elle parvient à le faire fuir d’un coup de piolet. C’est juste après cet accident, raconté par à-coups, que commence le roman. Entre la Russie, la Salpêtrière et Grenoble, où elle sera soignée, l’auteure nous présente une réflexion saisissante sur sa récupération mentale et physique. Plus qu’un simple face-à-face, c’est une véritable fusion qui s’est opérée entre l’animal et elle lors de la confrontation. « Il y a eu nos corps entremêlés, il y a eu cet incompréhensible nous, ce nous dont je sens confusément qu’il vient de loin, d’un avant situé bien en deçà de nos existences limitées. » Un échange, des retrouvailles presque, dont chacun repartira avec un bout de l’autre. En étant l’autre. Car si Nastassja est persuadée de porter en elle une partie de l’ours, celui-ci a vu en elle sa part d’humanité perdue. Ce très beau texte met en avant un rêve chamanique et animaliste, au-delà de la dualité nature/culture, et tend à l’harmonie entre tous les êtres vivants. En parallèle du périple hospitalier, c’est une fascinante quête de sens et d’identité qui se dévoile au fur et à mesure de la lecture.