Un président, ça Trump énormément
★★★☆☆
TRUMP PAR ALAIN BADIOU, 80 P., PUF, 11 €
Àchaud d’abord, puis à froid, trois ans après l’élection de Donald Trump, Alain Badiou constate que la victoire du capitalisme libéral, « depuis les années 1980, a affecté non seulement la réalité objective mais aussi les subjectivités actives ». Pour les progressistes déprimés, le président des États-Unis incarne ainsi le triomphe du racisme, du sexisme, de la violence sociale, de la vulgarité, du mépris de classe, etc. Cause ultime de tous les désordres et
« monstre toujours plus monstrueux », le capitalisme libéral tient sa force politique de sa déclaration qu’il est la seule voie. Sans adversaire communiste (réel et même en idée), il tend à s’instaurer « un fascisme démocratique […] sous la loi active […] de la concentration planétaire du Capital ». Trump serait ainsi le symptôme de
« la disparition de la politique dans un gigantesque processus d’unification, où les camps en apparence les plus hostiles se tiennent en réalité la main ».
Retour à la pensée dialectique
Entre l’abstraction des concepts et la complexité d’un réel qui ne s’y plie pas toujours, penser cette réalité mortifère exige, tel le Lénine de 1905, de revenir à la pensée dialectique concrète « au véritable Deux, au-delà du Un trompeur ». Avec Trump, qui paraît treize ans après son brûlot anti-Sarkozy, Badiou prouve qu’il demeure un bretteur communiste, un militant droit dans ses bottes.