BANDE DESSINÉE/ JEUNESSE
La dessinatrice Catherine Meurisse rend ici un vibrant hommage au peintre Delacroix connu par son travail sur la lumière et la couleur, par le biais d’une autre célébrité, de la littérature, Alexandre Dumas.
★★★★☆
DELACROIX PAR CATHERINE MEURISSE, 140 P., DARGAUD, 21 €
D «elacroix était mon ami, et les peintres sont mes frères » : celui qui parle n’est autre qu’Alexandre Dumas, et la causerie qu’il donna un an après la mort de l’ami en question est épatante. Catherine Meurisse, grande admiratrice d’Eugène, a eu l’idée sympathique de suivre pas à pas ce texte plein de fougue et de générosité – deux qualités qui sont aussi celles de la dessinatrice – et de l’accompagner de croquis vifs et d’esquisses chaleureuses. Dumas ne prétend pas être critique d’art, mais il est mieux que cela : il aime Delacroix, il aime sa peinture et il aime la peinture. Il a une manière de parler d’un tableau qui n’a rien d’engoncé, et qui va à l’essentiel sur un ton du faubourg. Ainsi de
La Liberté guidant le peuple : « Il émane une atmosphère chargée de salpêtre ! Il grouille sous le soleil de juillet ! Et les soldats, comme ils sont bien tués ! » Ce texte méconnu nous rappelle que Dumas n’est pas qu’un romancier qui sait caresser le public dans le sens du poil, mais qu’il est aussi un remarquable mémorialiste, l’auteur de récits de voyages qui restent des modèles du genre.
Anecdotes et citations bien choisies
Chez notre mousquetaire, les anecdotes, nombreuses, ne sont jamais gratuites. Quand il se paye le luxe d’une digression, c’est pour nous parler de Géricault, dans une scène grandiose et macabre, dont Catherine Meurisse rend très bien la belle atrocité. Dans Delacroix, les citations sont bien choisies, comme celle- ci, qui dit tout du fa presto : « Exécutez vite ! Si vous n’êtes pas assez habile pour faire le croquis d’un homme qui se jette par la fenêtre pendant le temps qu’il met à tomber du quatrième étage sur le sol, vous ne pourrez jamais faire de grandes machines. »