JEAN ECHENOZ
UN POINT, C’EST TOUT
DOSSIER
Les événements littéraires ne sont pas forcément les plus bruyants. Loin de l’effervescence, l’an passé, provoquée par la parution de Sérotonine de Michel Houellebecq – avec force considérations sociologiques contestables et petites provocations bien senties –, un roman français plus sage mérite aujourd’hui toute l’attention. Tout simplement pour ses extraordinaires qualités d’écriture et de narration, sa finesse, sa drôlerie et sa capacité à dire beaucoup avec presque rien. Ce qui ne surprendra pas les amoureux de Jean Echenoz, puisque c’est de lui qu’il s’agit, avec ce petit bijou intitulé Vie de Gérard Fulmard. Cela fait quatre décennies que ce Pierrot lunaire des lettres françaises, plutôt discret, multiplie les livres majeurs, affirmant de titre en titre sa singularité. Du Méridien de Greenwich à la trilogie biographique Ravel-Courir-Des éclairs en passant par Les Grandes Blondes et Je m’en vais (prix Goncourt 1999), ce dandy taiseux de l’école Minuit a affirmé au fil des ans son élégance naturelle, sa maîtrise de la ponctuation, sa manière très personnelle de jouer avec les codes du polar et de rendre fascinants les temps creux de nos existences. Lire se devait dès lors de rendre hommage à cet auteur, aujourd’hui si précieux, à travers un retour sur son oeuvre et un grand entretien. Alors, réussira-t-on à lui faire dire : « Gérard Fulmard, c’est moi » ?