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OUVRIR SES HORIZONS

Si, en général, la plupart des écrivains exercent un métier en parallèle, certains arrivent à vivre de leur plume. À condition d’en varier les sources de revenus.

- Gladys Marivat

Le rapport Racine remis en janvier au ministre de la Culture a pour mérite de reconnaîtr­e la précarité des auteurs. Mais les premiers concernés savent depuis longtemps combien il est difficile de vivre de la vente de leurs livres. En effet, un écrivain touche en moyenne 8 à 10 % de droits sur un titre vendu. Il faudrait donc « vendre plus de 10 000 ouvrages tous les ans pour dépasser le seuil de pauvreté », remarque Mathieu Simonet, écrivain et président de la SDGL (Société des gens de lettres) dans une tribune à L’Obs. Rien de plus simple pour les auteurs de best-sellers ou de livres primés. Un Goncourt s’écoule en moyenne à 400 000 exemplaire­s – et même un million tous formats confondus pour Chanson douce de Leïla Slimani. Un chiffre affolant qui fait oublier que la majorité des livres se vendent à 1 000 exemplaire­s. D’où l’importance de compléter ses revenus, pour payer ses factures ou financer de nouveaux projets. Pas seulement en exerçant une autre profession. Mais en s’intéressan­t aux différente­s ressources qu’il est possible de tirer de son activité d’écrivain. À commencer par les droits audiovisue­ls qui font en général partie du contrat d’édition. L’auteur est invité à céder les droits d’adaptation à son éditeur. En cas de conclusion d’un contrat, celui-ci verse à l’auteur 50 % de toutes les recettes brutes. Si l’oeuvre est adaptée, auteur et éditeur se partageron­t également les droits de diffusion. De plus en plus d’écrivains sont encouragés à négocier afin de toucher 80 %, et l’éditeur 20 %, dans le cas où ils effectuent seuls les démarches pour trouver un producteur, pourquoi pas avec une ébauche de scénario de leur cru.

Des résidences d’écriture

Depuis une dizaine d’années, écoles et ateliers d’écriture se multiplien­t à Paris et dans les grandes villes françaises. Les Ateliers de la NRF ou Les Mots emploient des écrivains connus comme Camille Laurens et Philippe Djian,

Alice Zeniter et Alice Ferney. Donner des cours dans ce type de cadre demande toutefois une certaine pédagogie et une aisance qui ne sont pas le fait de tous les auteurs. Ceux qui préfèrent se concentrer sur leur oeuvre se tourneront plus facilement vers les résidences d’écriture. Nombreuses, elles sont répertorié­es sur le site du CPE (Conseil permanent des écrivains). On y trouve, entre autres, un agenda avec les dates de dépôt de dossier pour les résidences d’auteurs, réparties dans toute la France et sur toute l’année. Avoir déjà publié une oeuvre chez un éditeur profession­nel est l’une des conditions d’accès. La Villa Marguerite-Yourcenar, La Maison Julien-Gracq ou encore Les Francophon­ies en Limousin accueillen­t des écrivains pour une durée de quelques semaines à un an. L’allocation oscille entre 1 250 et 2 500 euros par mois. Aussi, des structures départemen­tales, comme écrivains en Seine-Saint-Denis, proposent des bourses de création (15 000 euros par an pour cet exemple). En échange, l’auteur s’engage à communique­r autour de son projet lors d’ateliers avec le public.

Les aides à la création

Ces résidences ne doivent pas être confondues avec les aides à la création littéraire et les bourses d’écriture. Les plus sollicitée­s d’entre elles sont attribuées par les Régions, le Centre national du livre ou l’Institut français qui, avec la bourse Hors les murs- Stendhal, financent chaque année le séjour de douze écrivains dans un pays étranger pour écrire un livre, contre sa participat­ion à des actions d’échanges culturels sur place. Chacun perçoit 4 000 euros. Patrick Deville, Caryl Férey, Valentine Goby ou Jean Echenoz figurent ainsi parmi les bénéficiai­res.

Enfin, pour les plus chanceux, les prix littéraire­s et les concours d’écriture [voir page 44] peuvent constituer une rentrée d’argent ponctuelle bienvenue. Avec 2 000 euros pour le prix EugèneDabi­t du roman populiste, 10 000 euros pour le prix Ouest-France-Étonnants Voyageurs, ou 6 100 euros et un verre de pouilly-fumé par jour pendant un an pour le prix de Flore, les distinctio­ns littéraire­s offrent l’occasion de s’offrir de belles vacances ou une petite voiture. Ou de boire pour oublier, un temps, la précarité du métier.

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dans Chanson douce, film de Lucie Borleteau, d’après le roman éponyme de Leïla Slimani.
Karin Viard dans Chanson douce, film de Lucie Borleteau, d’après le roman éponyme de Leïla Slimani.

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