Qu’est-ce que le bonheur ?
Généralement réservée à la recherche philosophique, cette question a réuni plus de cinquante universitaires de différents domaines autour d’un ouvrage qui explore, à travers le temps et les civilisations, les mécanismes de ce « moteur de l’humanité ».
L «e bonheur ? Enfin, d’Astier, vous ne croyez pas à ces sornettes ! » répondit le général de Gaulle à Emmanuel d’Astier de La Vigerie. Le « Commandeur » s’inscrivait dans le sillage de Gustave Flaubert (il faut être « bête, égoïste et avoir une bonne santé » pour être heureux) et d’Anatole France. N’en déplaise aux lettrés français, la quête du bonheur est un « moteur de l’humanité » , constate François Durpaire, qui a mis à contribution une cinquantaine d’universitaires, issus pour un bon nombre du laboratoire Bonheurs (« bien-être, organisation, numérique, habitabilité, éducation, universalité, relations, savoirs ») de l’université de Cergy-Pontoise, afin de répondre à cette interrogation vieille comme Néandertal.
Les chapitres de cette Histoire mondiale du bonheur consacrés à un Occident forcément plus familier – de la phantasia, quête de l’émerveillement chez les Grecs, au tourisme de masse ; du stoïcisme à l’éthique de la joie de Spinoza, etc. – réserveront moins de surprises, quelle que soit leur tenue. Ceux traitant du reste du monde seront plus propices à la rêverie, par leur « exotisme ». Qu’il s’agisse de la quête de la mobilité à travers les immensités de l’espace saharien, clé du bonheur pour le Touareg. De l’attention portée par les Sioux à chaque chose, susceptible de rendre heureux du fait de sa seule présence sur Terre. De la nécessaire dissolution de soi dans l’Inde traditionnelle. De la capacité individuelle à être heureux, pour les bouddhistes. Demain ? Entre mondialisation et technologie numérique, le bonheur sera « écologique » et « solidaire » (comme chez les Peuls), pronostique François Durpaire dans ce captivant tour du monde des émotions à travers les âges.
HHHHI
HISTOIRE MONDIALE DU BONHEUR PAR FRANÇOIS DURPAIRE (DIR.), PRÉFACE D’ALAIN CORBIN, 448 P., CHERCHE-MIDI, 22 €