Pete Best, un garçon dans le mauvais vent
Évincé des Beatles en 1962 au profit de Ringo Starr, il aurait dû devenir une légende du xxe siècle. Alors que vient de paraître une passionnante biographie du groupe légendaire par Frédéric Granier, retour sur la vie du musicien le plus malchanceux de l’
l paraît qu’il était le plus beau des Beatles, et que cela suscitait des jalousies. D’autres sources, moins sensibles à son charme, assurent que cet incapable ne savait pas jouer de la batterie. Quoi qu’il en soit, Pete Best, 18 ans, était là où il fallait être : en 1960, il taquinait la caisse claire du jeune groupe qui montait.
Dès août 1962, c’est la catastrophe : en pleine session
Id’enregistrement, agacé par ce dadais qui n’arrive pas à tenir le tempo, le producteur George Martin le met à la porte du studio. Aucun de ses camarades n’ayant la trempe de lui annoncer la mauvaise nouvelle, c’est par le manager, Brian Epstein, qu’il apprend son renvoi définitif. Un garçon au physique pas facile, Ringo Starr, le remplace derrière les fûts. Pour Best, la suite est assez attendue : dépression, boisson et tentative de suicide en 1965, en pleine Beatlemania.
Dans Les Beatles, la biographie définitive que Frédéric Granier consacre aujourd’hui au groupe qui aurait dû faire la gloire du musicien, le nom de Best n’apparaît que huit fois. C’est peu. On y apprend que le fantôme des Fab Four a refait sa vie comme boulanger (normal pour quelqu’un qui jouait avec des baguettes), puis comme assistant social. L’argent, lui, mettra trente ans à tomber : en 1995, la sortie de la compilation Anthology 1 lui rapporte quelques millions de livres de royalties. À cette occasion, « son visage est gommé des images de pochette, comme Trotski ou Kamenev durant les purges staliniennes » , note Granier. Rappelons pour finir une phrase rituelle de George Harrison : « Le bonheur, c’est d’ouvrir le journal et de ne pas se voir dedans. » À ce titre, Pete Best aura-t-il été le plus heureux des Beatles ?
HHHII LES BEATLES. QUATRE GARÇONS DANS LE SIÈCLE
PAR FRÉDÉRIC GRANIER,
490 P., PERRIN, 25 €