Ressources inhumaines
ncien DRH usé par sept ans de chômage, Alain Delambre (Éric Cantona) pense avoir atteint le bout du tunnel lorsqu’un cabinet de recrutement le contacte pour un entretien d’un genre particulier. En effet, en guise de test, il devra servir de consultant au cours d’une fausse prise d’otages organisée au sein d’une grande entreprise. L’objectif ? Déceler, parmi les cadres du groupe, celui ou celle qui résistera le mieux à la pression. Prêt à tout
AÉric Cantona, en DRH prêt à tout pour retrouver du travail, dans la série pour retrouver du travail, Delambre va s’investir corps et âme, quitte à se perdre.
Écrit par Pierre Lemaitre, qui adapte lui-même son roman Cadres noirs, Dérapages est une plongée haletante dans les arcanes du management moderne, entre course à la performance et instrumentalisation de l’être humain pressurisé, essoré puis jeté avec le plus grand mépris. Terriblement d’actualité (le livre est inspiré d’un fait divers réel survenu en 2005 chez France
Télévisions), Dérapages interpelle surtout par sa manière de décrire la brutalité. Professionnelle tout d’abord, à travers ce personnage de PDG « jupitérien » incarné par Alex Lutz, monstre de malice pour qui la fin justifie les moyens ; mais brutalité également sociale, sociétale, Éric Cantona incarnant à merveille cette France délaissée et méprisée. Cette mini-série de six épisodes explore le concept de lutte des classes de manière aussi littérale qu’inédite. Et s i l’ensemble manque parfois un peu de finesse, ne serait-ce que par la mise en scène très (trop ?) alerte de Ziad Doueiri (Baron noir), on retrouve toute la malice et la finesse d’écriture de Lemaitre.
Entre pamphlet social, thriller corporatiste et drame humain, Dérapages est un savoureux patchwork qui a le mérite de poser de vraies questions éthiques et morales.
Diffusion sur Arte les 23 et
30 avril et en intégralité sur Arte.tv, jusqu’au 13 mai.
Et quitte à verser dans le nihilisme, nous ne saurions trop vous conseiller de vous jeter sur Entrez dans la danse ( Delcourt/ Mirages, 2019), adaptation dessinée du roman éponyme de Jean Teulé, nous plongeant dans un Strasbourg moyenâgeux en proie à un terrible virus obligeant ceux qui le contractent à danser jusqu’à la mort ! Au Pays du Soleil-Levant, les virus aussi peuvent faire des ravages ou rapprocher les gens. C’est le cas des deux héros de Blue Phobia (Glénat, 2019), atteints d’une étrange maladie qui teinte leurs peaux en bleu. Une proposition originale entre thriller horrifique et romance young adult.
Difficile de parler d’épopée humaine sur fond de pandémie sans évoquer La Route de Cormac McCarthy, roman matriciel qui a servi d’influence majeure au jeu vidéo The Last of Us (Sony). Situé dans un monde ravagé depuis plus de vingt ans par un virus transmis par un champignon, ce jeu d’aventures d’une puissance émotionnelle rare met le joueur dans la peau d’un homme chargé d’escorter une jeune fille qui pourrait bien représenter le salut de l’humanité. Il aura fallu plus de dix ans pour que ce chef-d’oeuvre vidéoludique, aux influences littéraires et cinématographiques très marquées, se voie gratifié d’une suite. Pandémie oblige, la sortie de celle-ci, prévue pour la fin du mois de mai, a été repoussée à une date indéfinie. En attendant l’arrivée de The Last of Us 2, rien ne vous empêche de réviser en vous (re)plongeant dans l’excellent premier volet.