DES LIENS ICI ET AU-DELÀ
Journaliste (notamment à Libération) et romancier, Fabrice Tassel signe un troisième livre très réussi qui touche à l’intime, et nous entraîne dans un étonnant jeu de piste dans l’univers des trafiquants d’oeuvres d’art. Dans Les Âmes frères, il affirme s’être moins raconté que dans ses premiers romans ( Déraison d’État en 2012 et Courir dans la neige en 2017). Mais il a peut-être creusé plus profondément en lui-même. Le point de départ du livre, explique-t-il, est en effet la disparition de sa soeur aînée il y a vingt-cinq ans. Une séparation volontaire dont il n’a jamais percé le mystère. Voilà pourquoi il a décidé d’écrire sur ces liens un peu opaques faits d’affection mais aussi de distance qui peuvent exister entre deux frères ou même entre parents et enfants. Dans une famille, on peut rester attaché mais mal connaître l’autre, et n’avoir jamais la volonté de poser les questions et de crever l’abcès. Entre les deux héros, Julien, statisticien dans une compagnie d’assurance et Loïs, archéologue, il y a la même étrangeté. Une quasi-gémellité mais aussi une très grande différence. Qui tient d’ailleurs à un secret enfoui dans la petite enfance. L’un des deux va tout de même vouloir comprendre ce qui les a éloignés et emmener son frère sur le chemin d’une vérité qui ne le grandira pas forcément. Une vérité révélée à la fin du roman au terme d’une enquête passionnante qui nous fait découvrir le monde interlope des marchands d’antiquités et des ports francs. LES ÂMES FRÈRES PAR FABRICE TASSEL,
272 P., STOCK/ARPÈGE, 19 €