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Le Grand Meaulnes

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ue dire qui n’ait déjà été écrit sur le bréviaire de ceux qui veulent rêver debout » ( Jean Cocteau) ? Cette réédition du Grand Meaulnes dans la Pléiade, enrichie d’esquisses du roman et de nombreuses lettres ( la plupart échangées avec Jacques Rivière), est l’occasion de relire avec un oeil neuf le livre d’Alain-Fournier. Dans son éclairante préface à ce « romanpoème » , Philippe Berthier nous apprend qu’en 1913, année de la parution du Grand Meaulnes, Alain-Fournier et son alter ego Rivière avaient assisté avec enthousias­me à la première scandaleus­e du Sacre du printemps de Stravinsky au Théâtre des Champs-Élysées. Contrairem­ent à l’image qu’il véhicule souvent,

Q «Alain- Fournier n’était pas un jeune homme naïf et passéiste voyant la vie par un filtre sépia – il était au contraire passionné par l’avant-garde, et entendait lui aussi créer des formes inédites. Certes, le roman baigne dans une atmosphère éthérée, où la figure d’Yvonne de Galais, quasi mariale, est idéalisée. Mais, comme l’écrit Philippe Berthier, il ne faudrait pas faire de cette « histoire sombre et sauvage » une « mièvre décalcoman­ie ». Alain-Fournier lui-même voyait des similitude­s entre la trame de son livre et celle des Mémoires écrits dans un souterrain de Dostoïevsk­i… Tout cela pour dire qu’il y a bien des choses à redécouvri­r dans cette mystérieus­e tragédie à la « douceur frileuse et crépuscula­ire » (Julien Gracq).

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