Lire

LES LIVRES DE MA VIE

Santiago H. Amigorena

- Propos recueillis par Baptiste Liger

À L’HEURE OÙ SORT AU CINÉMA LAST WORDS, ADAPTATION DE SON ROMAN MES DERNIERS MOTS, RÉÉDITÉ CES JOURS-CI EN POCHE, CE SCÉNARISTE CHEVRONNÉ, ÉGALEMENT AUTEUR D’UNE OEUVRE LITTÉRAIRE PASSIONNAN­TE, REVIENT POUR NOUS SUR QUELQUES LIVRES QUI ONT COMPTÉ DANS SON PARCOURS. LE CLASSIQUE QUI VOUS EST TOUJOURS TOMBÉ DES MAINS ?

« Guerre et Paix.

Il y en a d’autres, bien sûr, mais ce roman de Tolstoï est le seul qui, à l’inverse de tant d’oeuvres grecques ou latines, ou de tant de romans français du xixe siècle, m’est tombé des mains deux ou trois fois, et que je ne songe même plus à reprendre. »

L’AUTEUR DONT VOUS AVEZ DÉVORÉ PASSIONNÉM­ENT TOUTE L’OEUVRE ?

« J’ai dévoré avec passion presque toute l’oeuvre de plusieurs écrivains, comme Dostoïevsk­i, Shakespear­e, Dante ou LouisRené des Forêts. Mais ce que j’ai dévoré non seulement avec passion mais aussi avec dévotion, ce ne sont pas des oeuvres mais des livres : La Recherche, L’Homme sans qualités, l’Ulysse de Joyce. En outre, je n’ai jamais lu Jean Santeuil ou Les Désarrois de l’élève Törless, et je n’ai pas fini Finnegans Wake. Mais je n’ai jamais souffert de n’avoir pas eu cette curiosité : je suis, avec la lecture, la caricature de ce qu’on appelle un “amateur”. Jamais je n’essaie d’épuiser le plaisir comme le ferait un profession­nel. Je butine, je papillonne. »

VOTRE PREMIER SOUVENIR DE LECTURE ?

« Entre 7 et 9 ans, perché sur un arbre à Montevideo, en Uruguay où nous vivions alors, j’ai beaucoup lu Enid Blyton. Mais c’est un souvenir grêle, où les feuilles du livre se mêlent aux feuilles de l’arbre. Ce souvenir est suivi d’un autre souvenir, tout aussi fragile mais plus mémorable à la fois : celui d’avoir reçu en cadeau, pour mes 10 ans, Le Rapport de Brodie de Borges – dont les nouvelles, surtout celle qui donne son titre au recueil, ne pouvaient qu’être incompréhe­nsibles à mes yeux enfantins. »

VOS BANDES DESSINÉES FAVORITES ?

« Comme je suis né à Buenos Aires au début des années 1960, j’ai grandi autant avec Astérix qu’avec Mafalda de Quino. Puis j’ai aimé tout ce que les années 1970 ont produit, grâce à la bande dessinée, d’irrévérenc­ieux. Mais un seul auteur, Hugo Pratt, a laissé en moi de grands souvenirs de lecture, étrangemen­t semblables à ceux que laissent les représenta­tions de théâtre lorsqu’elles sont exceptionn­elles: le désir de partir avec les acteurs de la troupe, la furieuse envie d’aller vivre dans le monde qu’ils nous ont fait découvrir. »

LES LIVRES QUE VOUS AIMERIEZ PORTER À L’ÉCRAN ?

« Des livres que je n’aime pas. Des livres qu’en lisant je trouve insuffisan­ts: bons à devenir des films, pas à être publiés. Et aussi, je l’avoue, malgré ma paresse, j’ai songé à une adaptation de La Recherche de Proust, en six saisons de dix épisodes chacune, dont le ton s’inspirerai­t des Mystères de Lisbonne de Raoul Ruiz. »

MES DERNIERS MOTS, SANTIAGO H. AMIGORENA, P.O.L/ #FORMATPOCH­E, 208 P., 9,50 €

LAST WORDS, JONATHAN NOSSITER, EN SALLES

LE 21 OCTOBRE. (VOIR AUSSI PAGE 23)

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France