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Par les livres et par les champs

- SYLVAIN TESSON

Il reste néanmoins beaucoup d’émissions moins spécifique­ment littéraire­s qui nous permettent de valoriser un auteur et un livre – émissions de portraits, ou sujets majeurs développés à partir d’un livre. » Cette fédération entre littératur­e et sujet de société fonctionne parfaiteme­nt en ce moment pour La Petite Dernière, le premier roman de Fatima Daas.

STRATÉGIE D’ENSEMBLE

Les éditeurs font le même constat : nécessité de l’audiovisue­l, mais éparpillem­ent de l’influence. « Il faut tout essayer en même temps pour espérer qu’une promotion marche vraiment, ce que vit en ce moment Emmanuel Carrère, précise Bénédicte Lombardo, éditrice au Seuil. C’est une stratégie d’ensemble. Nous travaillon­s aussi très en amont avec les libraires. Télé et radio sont ensuite toujours importants. La radio peut beaucoup pousser un auteur de non-fiction, comme un passage à la matinale d’Inter l’a fait pour le De Gaulle de Julian Jackson. Je suis allée défendre Delia Owens [auteure de Là où chantent les écrevisses] sur RTL, elle-même ne pouvant pas venir à cause de la crise sanitaire : il y a eu un impact, alors même que je n’étais pas l’auteure… »

Les écrivains connus (et toujours vivants…) ne sont pas légion à L’Arbre vengeur, petite maison bordelaise : « Mes livres vivent sans l’audiovisue­l, explique sans amertume David Vincent, son directeur, et nous sommes beaucoup à compter davantage sur les libraires ou sur le bouche-àoreille. Parfois, il y a des exceptions, la chronique du matin de François Angelier, ou Gérard Collard quand on pouvait encore croire qu’il était hors système… La Dispute était à double tranchant, puisqu’on y disait autant de mal que de bien des livres. »

En librairie, l’impact est indéniable, mais moins prévisible : « Un passage à

La Grande Librairie ou chez Trapenard, une chronique dans Télématin peuvent avoir leur importance, continue Pierre Coutelle, de chez Mollat, mais ça n’est jamais garanti. Des émissions plus de niche – Mauvais genres d’Angelier ou

Les Chemins de la philosophi­e d’Adèle Van Reeth – touchent un public précis. Un bruit médiatique même très tenu peut se faire entendre. Du coup, nous sommes à l’écoute. Quand nous recevons les sommaires des grosses émissions, nous vérifions les stocks, sans pour autant organiser les tables en fonction de cela… »

Pivot n’étant plus à l’antenne, plus rien n’est acquis. À moins de croire au miracle ?

« IL FAUT TOUT ESSAYER EN MÊME TEMPS POUR ESPÉRER QU’UNE PROMOTION MARCHE VRAIMENT »

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