L’HÔTEL RIT
Le monde est un grand hôtel dont nous occupons, plus ou moins longtemps, les chambres. Dans le cas du nouveau roman de Gilles Marchand, le « palace » en question est tenu par un dénommé Jésus, drôle de type dont on dit qu’il a été prêtre (ou tueur à gages), dans une vie pas si antérieure… C’est dans ce lieu un peu chaotique que débarque Jolène, caissière de supermarché aux airs de Louise Michel. Elle croisera ici ses compagnons d’infortune qui occupent les treize chambres – dont un couple d’anciens voleurs surnommés Bonnie et Clyde; Marie-Pierre, l’étrange représentante en encyclopédies; la trop sérieuse Annie, qui a tout plaqué lorsqu’elle a prononcé en réunion l’expression « au jour d’aujourd’hui » ; sans oublier le narrateur, vedette éphémère du rock vivant dans la nostalgie de son tube Les Coeurs déchirés… Tout se passerait à peu près bien, dans ce « fort » où l’on écoute le son du juke-box dans la grande salle. Mais certaines réalités vont mettre à mal le quotidien de ses habitants…
On s’attache indubitablement aux drôles de pensionnaires de Requiem pour une apache, qui confirme l’évident talent de portraitiste de Gilles Marchand, son irrésistible tendresse, son art du détail et son sens de l’humour. Des longueurs ? Oui. Trop de bons sentiments et de naïveté politique ? Sans doute. Mais le roman est un peu comme une chanson entêtante, loin des modes, dont on aime autant les arrangements faussement ringards que la mélodie trop sucrée.