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Destins déprogramm­és

Maylis Adhémar et Laurent Petitmangi­n signent deux premiers romans réussis, sur le conditionn­ement social et la difficulté de s’en extraire.

- Alexis Brocas et Patricia Reznikov

Dans Bénie soit Sixtine, la jeune romancière Maylis Adhémar nous plonge avec finesse dans un milieu propice à toutes les caricature­s : celui des catholique­s intégriste­s. Le livre se centre sur la jeune Sixtine, issue d’une famille traditiona­liste, qui bientôt épouse un aristo diplômé de Polytechni­que venu d’une lignée où l’on se prend pour des croisés modernes ! Sixtine fuira pour se confronter à un monde tout à fait différent, et c’est là que le roman dévoile son intelligen­ce. Car Sixtine n’abjure pas sa foi mais s’adapte. L’écriture est à l’avenant: vive, légère et chargée de jugements parfois peu charitable­s, mais dont tous ceux qui ont côtoyé ce milieu sauront apprécier la véracité.

LE POISON DU RENONCEMEN­T

Choisit-on son destin au sortir de l’enfance ? Ou se laisse-t-on porter par les hasards ? Voici quelques questions également posées par Laurent Petitmangi­n dans Ce qu’il faut de nuit. Lorsque Fus, fabriqué par l’amour d’une mère morte à 44 ans d’un interminab­le cancer, d’un père courage et d’un petit frère qui l’admire par-dessus tout, se laisse entraîner par des jeunes du FN, il signe sans le savoir un pacte de violence.

Mais, pour les siens, dans ce petit village de Lorraine, faire le coup de poing contre les antifas, c’est chuter dans l’inconcevab­le trahison. La nuit, celle du titre, est tombée quand la mère a renoncé à vivre. Ce poison du renoncemen­t qui fait écho à la violence sociale coule, une fois la mère partie, dans les veines de Fus. Malgré l’amour, il y a le deuil, le père dépassé, le décrochage. Beau portrait d’une France dite d’en bas où l’on aime Ferrat, le FC Metz et les copains, faite d’union de la gauche disparue, de mines et de classes fermées, de chômage, d’avenir confisqué. Un premier roman plein de délicatess­e qui vous vrille le coeur. ★★★☆☆

BÉNIE SOIT SIXTINE, MAYLIS ADHÉMAR,

296 P., JULLIARD, 19 € ★★★☆☆

CE QU’IL FAUT DE NUIT, LAURENT PETITMANGI­N, 192 P., LA MANUFACTUR­E DE LIVRES, 16,90 €

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Laurent Petitmangi­n
Maylis Adhémar Laurent Petitmangi­n

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