QUE VAUT… LE NOUVEAU ROMAN DE JULIAN BARNES ?
C’est à la National Portrait Gallery de Londres, devant le portrait de Samuel Pozzi par John S. Sargent, L’Homme en rouge, que Julian Barnes a trouvé le sujet de son nouveau livre. Chirurgien, pionnier de la gynécologie, auteur du premier manuel de référence en la matière, le docteur Pozzi fut une figure de la IIIe République, ami des écrivains, idole du grand monde. « Les princesses et les reines ne veulent être opérées que par lui, écrivit sa fille Catherine, car il est beau, intelligent et aimable autant qu’habile. »
Plus qu’une biographie à proprement parler, comme celle de Claude Vanderpooten parue en 1992, L’Homme en rouge est une immersion dans le Paris fin de siècle, qui passe en revue les thèmes incontournables de l’époque – les duels, l’homosexualité affichée, le dandysme, le scientisme – et s’arrête sur les personnages flamboyants : Oscar Wilde, Jean Lorrain, Barbey d’Aurevilly, Léon Daudet. Le lecteur qui connaît la période n’apprend pas grand-chose, et s’agace devant les coq-à-l’âne incessants. Cette promenade littéraire dans le passé n’en demeure pas moins plaisante, grâce notamment aux illustrations (les impayables photos de la collection Félix Potin !) et aux excellentes formules de l’auteur. À propos de Robert de Montesquiou, par exemple, prince des dandys, modèle de Des Esseintes et Charlus : « Le genre d’aristocrate qui incite sans effort à la révolution. »